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À moi




Il me fut montré l’appartement où j’ai grandi. L’appartement que mes parents ont acheté sur un crédit de plusieurs années.

Il me fut demandé :

- À qui appartient cet appartement ? »

- À ma mère, à ma sœur et moi. Depuis le décès de mon père, j’en ai reçu une partie en héritage.

- En es-tu sûr ? me demanda la voix

 

J’observais à l’intérieur de moi-même. Je vis différentes scènes dans mon esprit. Des scènes de vie quand j’étais enfant, adolescent, jeune adulte… des scènes de vie avec ma mère et ma sœur, quand mon père avait quitté le foyer familial. Je voyais tout cela.

Puis j’eus une étrange sensation. Je sentis que ce n’était qu’une partie de moi-même. Je sentais que finalement ces images, ces perceptions d’une vie passée n’étaient qu’une petite partie de moi-même.

 

Une pensée a émergé dans tout cela : dans quelle proportion est-ce ma maison ? Dans quelle proportion ceci est à moi ?

 

Et j’ai vu sur un écran que ce qui indiquait cent pour cent l’instant d’avant réduisait fortement. Il ne resta à la fin que cinq pour cent environ.

Je compris que ce « moi » qui possède, ce « moi » qui croit posséder est en fait un obstacle, une illusion, à quelque chose qui cherche depuis des années à se révéler.

Il ne s’agit pas de rejeter l’appartement, mais de revisiter l’appartenance.

Tous nos « ma » sont peut-être illusoire. « Mon compte en banque », « ma maison », « ma vie », « ma voiture », « cet outil est à moi »… Chaque fois que je répète ce mot « ma » « mon », « moi »… je sens que je renforce une énergie qui ne me permet pas de déployer la lumière qui traverse mon cœur.

 

Le problème, ce n’est pas d’avoir un toit où dormir, ou un outil pour bricoler, c’est cette projection que j’en fais que cela appartient à un « moi ». Ce « moi » est en fait un petit pourcentage de ce que je suis.

Je sens une profonde gratitude pour ces parents qui m’ont apporté un toit et de quoi évoluer. Je sens de la gratitude envers toutes ces conditions facilitantes. Et en même temps je sens que ce ne sont mes parents que dans une certaine mesure. Je sens que quelque chose profondément à l’intérieur est tourné vers le ciel. Vers un Ciel qui s’étend loin dans l’espace. Ce quelque chose que je ne vois pas à l’intérieur, et que je sens, est aussi tourné vers la terre. Vers une Terre vivante. Je ressens cela si profondément quand je me pose ainsi et que j’observe.

 

Regardant ces images de mon enfance, je les vois comme des images d’un film où je suis concerné en petite proportion sur l’instant. J’observe. Je sens que ce qui me relie à la Terre et au Ciel m’appelle. Je ne sais pas à quoi cela correspond, mais je sens que je vais y trouver des réponses.

 

Car chaque exploration qui suit ce courant invisible et pourtant si existant m’amène dans un espace d’apprentissages et de compréhensions. Je vais chercher dans ces espaces des parts de moi-même, de ce que je suis vraiment, qui n’a pas encore été récupéré. Intégré. Il y a des parts de nous-même qui gravitent dans un espace que nous ne connaissons pas. On ne nous a rien appris à son sujet, et ce que l’on pourrait en dire est souvent erroné. Car chaque chemin est unique. Chaque chemin vers ces parts et leur réappropriation.

 

Et chaque fois que ces parts sont atteintes, que l’une d’elle est reconnectée et intégrée, je sens que je deviens finalement un peu plus moi-même.

 

Et ce « moi-même » qui se reconstitue regarde le film de cet enfant qui joue dans un appartement, avec sa sœur et sa maman. Il y a une douceur dans le regard. Un amour qui se déploie sur tout cela.

Et je regarde cet appartement comme une coque, une coquille qui a permis tout cela. Je regarde cela le cœur en paix, profondément en paix. Et momentanément, il n’y a plus de « moi ».

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