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Couleur musique



Lors d’une soirée musicale, j’ai surpris une étrange conversation. C’était une soirée où nous chantions des chants de paix, et des chants medecine de diverses traditions. Les chants medecine sont directement inspirés des esprits de la nature : plantes, animaux, montagnes, mers… Une medecine cœur…


Un ami avait amené son père spirituel. Il s’agissait d’un homme bien âgé. Courbé par le poids des ans, voire des millénaires tant il paraissait vieux.

Il ne parla pas et joignit ses mains devant son cœur en guise de bonsoir à l’assemblée présente pour la soirée. Mon ami l’installa dans un coin de la pièce, sur le seul fauteuil présent. Le vieil homme s’assit là et sembla s’assoupir. Mon ami s’assit à côté de lui, sur un petit tapis de méditation. Nous ne prêtâmes plus vraiment attention à l’Ancien de la soirée.


La soirée commença par la méditation du soir, environ une heure. Puis les instruments de musiques sortirent de leurs housses et leurs étuis et nous commençâmes musiques et chants.

Cette deuxième partie est le moment où certains parents en profitent pour arriver avec leur enfant, pour bénéficier du partage de chants et musiques sans avoir à gérer les enfants durant la méditation silencieuse.

Un petit garçon nous rejoint ce soir-là avec sa maman. Un petit garçon de 3-4 ans environ. Il connaissait nos soirées et aimait les musiques qui au bout d’un moment le faisaient danser. Une danse pure. Enfantine. Pour le moment il restait assis sur les genoux de sa maman, à côté de moi.


Les musiques avaient démarré, chacun étant assis à sa place. Au bout de quelques chants particulièrement doux, l’enfant se tourna vers sa maman et lui demanda : "qu’est-ce qu’il fait le monsieur là ? tout en montrant le vieux sage assoupi dans son fauteuil."


Sa mère lui répondit avec douceur :

- Doucement mon ange, on ne montre pas du doigt. Ce monsieur est venu écouter la musique et les chants avec nous.

Le petit se tourna vers sa mère à nouveau :

- Mais maman ce n’est pas un monsieur…

Il n’eut pas le temps de finir. Bien que la conversation était partiellement couverte par les chants en cours, les voisins comme moi percevaient la conversation et la maman avait peur d’être gênée par la franchise de son fils :

- Oui mon ange. Ce monsieur est très vieux. Plus âgé que papi. Mais c’est un monsieur qui est là avec nous, c’est un ami à Stéphane dit-elle en se tournant vers moi et je fis un signe de tête à l’enfant et un clin d’œil pour appuyer ce propos.


L’enfant continuait à regarder le vieux sage et ne put s’empêcher de dire à sa mère :

- Mais maman, il est tout bizarre ce monsieur.

- ça suffit maintenant ! Qu’est-ce qu’il a ce monsieur mon cœur ? Dis-moi et après écoutons les chants !

L’enfant répondit avec la sincérité et l’innocence que seul un enfant peut avoir :

- Mais le monsieur, il brille ! Des couleurs partent de son corps !

Sa mère intriguée lui demanda des précisions

- Avec les chants, des vagues de couleur partent de lui et quand les chants s’arrêtent, ces vagues deviennent comme blanches. De la lumière. Et quand la musique recommence ces vagues sont colorées. Comme un arc en ciel.

Sa maman lui demanda si ces vagues exprimaient quelque chose. Il en essayant de murmurer, le regard empli de lumière :

- Oh oui ! C’est comme quand tu me dis que tu m’aimes ! ça me fait des choses dans tout le corps. Comme quand tu m’embrasses et que tu me dis que tu m’aimes.


Comme je suivais cette conversation de voisinage, je prêtais attention. J’écoutais mon corps qui vibrait au son de la musique. Je me sentais particulièrement bien ce soir-là. Et je remarquais la paix et la joie émaner des visages de la vingtaine de personnes rassemblées ce soir-là. Les chants étaient particulièrement inspirés.

Je ne voyais pas ces vagues, mais il me semblait qu’elles rayonnaient dans la pièce à travers les êtres qui manifestaient cela. De l’amour. Nous étions baignés d’amour, à la fois récepteurs et émetteurs. Et ce vieil homme restait dans la même position, semblant dormir, plongé dans un état particulier, sans signe extérieur d’écoute ou de participation.


L’enfant n’a plus reparlé de ce vieil homme de la soirée. Il n’a pas dansé non plus. Vers les derniers chants, je lui demandais :

- Est-ce que les vagues sont toujours là ?

Il murmura afin de ne pas être repris par sa maman :

- Oui ! Ses yeux brillèrent à nouveau de cette lueur particulière. Oui ! Et ça traverse les murs. Ça va dehors aussi !


Ce fut une belle soirée. Quand l’amour traverse nos cœurs, nous vivons des moments merveilleux.

Quand des sages ou des enfants sont là, le merveilleux traversent les limites de nos croyances et nous élèvent vers des horizons colorés et infinis.

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