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Faux Départ




Je cueillais des feuilles de châtaignier. Des feuilles jeunes, pour les diètes de plantes, pas encore chargées en tanins. Des feuilles qui geste après geste m’ont parlé.

Elles m’ont amené dans l’espace visionnaire et m’ont donné ce texte pour vous. Connectée à l’esprit du châtaignier, mon âme a pu voir.

 

J’étais invité avec ma femme à manger dans une salle en extérieur d’un restaurant assez chic, aux abords d’un grand château. Il y avait quelques personnes attablées, et la salle présentait de nombreuses tables préparées pour de futurs clients qui n’étaient pas encore arrivés. Nous étions parmi les premiers à nous attabler. Nous avons donc commandé notre repas et le premier plat est arrivé. Mais avant de passer au suivant, ma femme m’avait réservé une surprise. Car du château sont sorties des personnes qui sont venues s’attabler dans la salle et partager un repas succulent.

 

J’ai tout d’abord vu venir les uns après les autres, des personnes croisées durant mon enfance ou mon adolescence. Ils n’avaient pas vieilli. Ils venaient et me saluaient avant de s’assoir à une table ou une autre de cette salle de restaurant. En fait de salut, c’était surtout un temps de parole assez court. Un temps dédié au pardon.

 

Les premiers qui sont venus se présenter à moi étaient des jeunes que je connaissais peu, mais dont je gardais le souvenir d’avoir manifesté des paroles ou des gestes malveillants à leur égard. Ou de maladresses qui ont eu un effet néfaste. Et je leur demandais humblement pardon. J’étais surpris de voir arriver ces personnes, mais je sentais que au-delà d’un salut conventionnel, il restait des traces négatives dans notre relation. Et j’avais à demander pardon. Puis ces personnes allaient s’attabler à une table ou une autre dans la salle de restaurant qui commençait à se remplir.

 

Il y eut une petite pause dans les arrivées, j’en profitais pour manger un deuxième plat que le serveur venait d’apporter. Je le savourais jusqu’au bout, mais à peine avais-je fini mon assiette que de nouveaux arrivants se présentèrent. Je n’y prêtais pas attention, concentré sur mon repas et la présence de ma femme que je trouvais si belle ce soir-là. Mais parmi ces nouveaux arrivants dans la salle de ce restaurant chic, certains se sont présentés à moi. C’étaient des personnes que je considérais comme amis dans mon enfance et mon adolescence. Le premier vint directement à notre table. J’en fus très surpris. Lui non plus n’avait pas vieilli. Sébastien me demandait pardon.

— Je te demande pardon de ne pas avoir continué. De ne pas avoir suivi nos rêves et nos espoirs d’enfants. Je ne sais pas pourquoi, je me suis conformé. J’ai une belle situation maintenant. Je dirige un hôpital et plusieurs maisons de retraite. J’ai une situation confortable. Mais je ne me sens pas heureux. J’ai choisi le chemin qu’on me montrait. J’ai essayé d’être heureux, et finalement je ne suis pas heureux. Je grossis assis dans ma chaise toute la journée. Mes enfants sont grands et ne viennent presque plus me voir. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je t’ai abandonné. Et j’ai aussi abandonné cet enfant que j’étais. J’ai abandonné cet enfant plein de rêves et d’espoirs. Et après toutes ces années, je le regrette.

 

Je sentais sa peine et ses regrets.

— Mais Seb, tu n’as pas à me demander pardon ! C’est à toi-même que tu peux demander pardon. L’adulte que tu es peut demander pardon à cet enfant que tu as été. Il vit au fond de toi. Et cet adolescent aussi.

— Mais comment on fait ?

— Et bien d’abord, tu regardes la situation. Tu vois cet enfant et cet adolescent. Tu sais pourquoi ils sont toujours vivants ? Ce qu’on appelle l’enfant intérieur, c’est en fait un moment où ton âme, qui est ton être véritable, était au plus près de ses capacités optimales. Elle sentait, percevait, sans juger, sans chercher à rationaliser. Sans chercher à se conformer au groupe ou aux schémas collectifs. Elle était au plus près de son état innocent et libre. Elle rayonnait. Tu pouvais sentir la joie rayonner à travers ton cœur et tout ton être.

— Oui, et cela me manque tant. J’ai tant de regrets, me dit-il empli de tristesse.

— Et bien, tu peux connecter à cela. Tu peux revenir à cette part de toi qui est si proche de la lumière et du soleil. Tu peux revenir à cela et demander pardon pour tous ces égarements.

— Mais je ne comprends pas comment j’en suis arrivé là. Pourquoi est-ce que je n’ai pas fait comme toi ? Continuer et traverser les épreuves pour garder cette flamme vivante ?

— Oh tu sais, j’ai moi aussi eu des faiblesses et j’ai aussi essayé de me conformer. Mais j’avais sûrement un autre programme en cours de la part de l’invisible, et je n’ai pas eu d’autre choix que de revenir à cette fraicheur de notre enfance. Cela n’a pas été simple, j’ai eu mon lot d’épreuves, et cela continue. Mais je vois que j’arrive pas à pas à garder ouverte une brèche qui me permet de voir cette lumière. De la sentir. Et c’est mon horizon. Je suis guidé par le soleil et je marche droit vers lui.

— Oh pardonne moi de t’avoir abandonné.

— Je te pardonne mon ami. Je te pardonne. Que ce pardon qui t’es donné soit ton propre pardon. Que cela soit une façon pour toi de revenir à ta propre lumière. Tu as de belles choses à découvrir.

Il s’était agenouillé à côté de moi.

— Lève-toi. Lève-toi et laisse croitre en toi cette lumière intérieure. Qu’elle soit ton guide. Tu as tant de choses à découvrir et à déployer. C’est le bon moment.

 

Il se leva et alla s’assoir à une table proche. D’autres amis sont ensuite arrivés en venant directement à notre table pour me demander pardon, mais ce fut plus court. Je posais les mains sur eux et je les pardonnais. Au fond de moi, en plus du pardon, une énergie traversait tout mon être et bénissait chacun de ces adolescents et jeunes adultes.

 

Quand le défilé fut fini, je me retournais vers ma femme et je lui dis que c’était très surprenant. Nous avions décidé de manger là discrètement pour mon anniversaire, et malgré le fait que nous soyons en un lieu que nous ne connaissions pas, des personnes connues se présentaient.

— Attends, ce n’est pas fini, me dit-elle avec un large sourire. Ton gâteau d’anniversaire va arriver par-là, me répondit-elle en me montrant une porte de la salle qui donnait sur le château voisin.

 

Je regardais donc cette porte en m’attendant à voir venir un serveur avec un beau gâteau. Et peut-être même que mes connaissances dans cette salle chanteraient mon chant d’anniversaire. Et je fus à nouveau surpris. Effectivement, mon gâteau entra par la porte désignée. Mais accompagnant le serveur, il y avait des personnes qui m’ont inspiré durant mon existence. Des personnes que je connaissais directement, des artistes aussi, des chanteurs ou écrivains… Ils étaient une petite troupe silencieuse et heureuse qui entraient dans la salle. Pendant que l’un prit une guitare et commença à chanter, ce fut Evolène qui se présenta à moi. Evolène est le premier être éveillé que j’ai rencontré. Équanime, stable dans son amour pour les êtres, et d’un amour rayonnant. Du jour au lendemain, elle était devenue canal, et laissait habiter son corps de présences inspirantes et lumineuses. Elle m’avait surpris, et nous avions vécu une petite période ensemble, elle, son mari et son fils, avec ma petite famille. Elle avait bouleversé ma vie.

 

Elle s’était détachée du groupe qui venait d’entrer avec mon gâteau et était venue vers moi. Je me levais pour l’accueillir, les larmes coulant spontanément de mes yeux.

— Oh Evolène ! Quelle joie !

Je sentais mon cœur qui commençait à battre très fort.

— Tu me manques tant ! Vous êtes partis avec Jean Claude, ça été si dur de me retrouver sans tes conseils, du jour au lendemain. Vous êtes partis de la ferme où nous vivions, et j’ai appris il y a quelques mois que tu étais définitivement partie. J’ai appris ton décès.

Elle me sourit avec sa tendresse coutumière, les yeux brillants comme quand elle était vivante.

— Stéphane, on ne part pas. Le mot « partir » n’est pas approprié. Ni même l’évocation d’un « départ ». Nous ne partons pas, au contraire, nous restons. Et encore plus présents. Ceux qui étaient attachés à leur maison ou à certaines habitudes restent parfois autour de leurs anciens habitats ou des lieux qu’ils fréquentaient ; mais pour la plupart, nous nous dissolvons.

 

Alors qu’elle parlait, comme quand je recevais ses leçons, elle continuait de parler et mes larmes s’asséchaient, je sentais son amour, sa douceur et sa patience, et je me concentrais ensuite sur ses paroles.

 

— En fait, nous vivons dans un autre espace-temps. Ce n’est pas le même que sur Terre. Nous pouvons à la fois être avec vous sur Terre, venir vous rejoindre dans des espaces intermédiaires, comme les espaces visionnaires ou les rêves, et nous pouvons aussi rester dans des espaces de lumière inaccessibles pour vous. Et comme je le faisais, nous pouvons aussi entrer dans les êtres pour être canalisés.

 

Elle sentit mon interrogation, sans que je la formule. Comme quand nous avions nos échanges, où ses vertus télépathiques m’avaient toujours fortement impressionné.

 

— Pour toi, je vais préciser. Lorsque nous mourrons, certains d’entre nous, une majorité en fait, va dans des espaces de lumière. De là, selon l’endroit du ciel où nous nous trouvons, nous avons la possibilité de revenir sur Terre à travers des êtres, lors de canalisations. Mais nous ne venons pas en tant que personne. Je te rappelle que nous vivons dans un autre espace-temps. Nous sommes en quelque sorte dissous dans la lumière. Nous devenons pure énergie et capables d’être en plusieurs lieux. Et je peux donc être canalisée sous forme d’énergie qui entre dans une personne. Cette énergie est capable d’exprimer des choses. Que ce soient des informations verbales, ou que ce soient des images ou énergies. Un peu comme dans tes rêves.

— Mais et la mort alors ?

— La mort est la fin d’une histoire dans la matière pour nous. La fin de certaines perceptions limitées par les capacités du corps. Mais quand nous quittons cette enveloppe physique, nous continuons à vivre. Nous sommes même dissous dans l’air autour de toi. Il suffit que tu te connectes, et nous sommes présents autour de toi, et même en toi, et tu peux le sentir. Tu gardes des connexions. C’est même mieux, dit-elle avec un sourire.

Cela te facilite les liens et communications avec l’invisible. Avec les ciels de lumière, comme tu les appelles.

 

J’étais surpris et très intéressé par ses propos. Elle joua avec ma surprise, comme à son habitude.

 

— Et même avec les esprits de la nature ! Elle rit et je savourais son rire que j’aimais tant.

Je repris pour être sûr d’avoir bien compris.

— Mais alors vous ne partez pas à tout jamais ? Vous ne disparaissez pas ?

— Non. Nous ne partons pas. Ce sont des inventions de personnes sans discernement ces croyances de départs. Nous ne partons pas. Il serait temps d’écouter tous ces témoignages sur l’après vie. Vous avez tant à comprendre ou à intégrer pour canaliser l’amour et la paix.

 

Je sentais mon cœur battre de plus en plus fort. Je regardais autour de moi. La salle était heureuse, les personnes écoutaient ce chanteur avec sa guitare. Lui n’était pas décédé, je le savais. Mais il pouvait être là et chanter sa joie. Et l’assistance reprenait en cœur certains de ses refrains. Je me concentrais à nouveau sur mon amie Evolène. En fait, j’avais peur qu’elle ne parte, et je souhaitais savourer au maximum sa présence. Elle devinait mes pensées.

— Ne te concentre pas sur moi. Regarde ta femme comme elle rayonne. Sens ta joie. Ton cœur va exploser si tu continues.

 

Je sentais effectivement mon cœur battre anormalement fort dans ma poitrine. J’eus tout à coup la crainte de mourir à ce moment précis.

— Oui, me confirma mon amie. Tu peux mourir maintenant. Devenir une lumière radieuse et offrir de l’amour et aider de nombreux êtres depuis l’autre côté. Tu veux essayer ?

Je regardai ma femme.

— S’il te plait, Evolène, aide-moi. Je sens que je peux encore passer de merveilleux moment avec ma femme et mes enfants.

Je sentais la peur grandir en moi et mon cœur battait de plus en plus fort. Il ne pourrait pas continuer à ce rythme. La salle insouciante à mon problème chantait avec joie.

 

— Respire. Tu vas sortir de cet espace visionnaire. Tu as le choix. Si tu souhaites expérimenter encore un temps cette existence dans la matière, tu peux y retourner. Tu vas sortir de cet espace, car ton corps ne peut pas supporter les vibrations intenses qui se déploient maintenant. C’est trop de vibrations et de lumière pour ton corps. Tu ne peux pas rester ici. Tu as juste à sortir de l’espace visionnaire. Je vais t’aider. Puis demande de l’aide autour de toi. Tu vas y arriver.

 

Elle me lança un dernier regard empli d’amour. Je vis son regard, j’entendis les chants et je vis une dernière fois cette salle en joie et enchantée, puis j’ouvris les yeux.

J’allais vers ma femme et je lui demandais de m’aider. Elle me parla, posa sa main sur mon cœur qui commençait à être douloureux, et je sentis la douleur disparaitre. Je recevais son soin et je sentais son amour.

 

         Le châtaignier a un esprit particulier. C’est un grand arbre guérisseur. Il nous reconnecte à des forces de lumière, tout en invitant aux transformations. Aux libérations. Il nous invite à lâcher avec nos conditionnements, nos pensées réductrices ou compulsives. Il nous invite à reconnecter avec nos émotions et à les pacifier. Cet enfant que nous avons été a gardé des parts blessées qui ont besoin d’être accueillies et soignées. Il est aussi empli de ces parts lumineuses, heureuses, que nous avons à réintégrer.

Il ne s’agit pas d’un enfant dans le sens temporel du terme. Ni dans le sens psychologique. Il s’agit de la part lumineuse que nous sommes et que bien souvent nous avons délaissée pour des raisons sérieuses. Nous avons plongé dans le mirage des illusions et des conditionnements. Nous nous sommes assis et nous avons écouté des histoires qui ont influencé fortement notre façon de percevoir le monde. Il est temps de revenir à cet être lumineux que nous sommes et que nous avons toujours été.

         L’esprit du châtaignier, sa magie, aide à cela. J’ai recours à ses qualités pour diverses raisons. Mais bien souvent, s’il est utilisé pour ses vertus médicinales, comme les stagnations lymphatiques, ou les jambes lourdes, nous oublions de connecter à son esprit. Nous oublions d’accueillir sa magie. C’est un bon moment pour revenir à la magie des esprits de la nature. De déployer les espaces visionnaires. De canaliser ces énergies des ciels de lumière et des espaces vibrants de la terre et du cosmos. C’est peut-être le chemin accessible pour que naisse en nous et autour de nous une nouvelle humanité. Libérée de l’illusion de la séparation.

 

Petite suite :

Mon cœur s’est rétabli et je ne suis pas mort cette fois-ci à nouveau.

En vous écrivant ces lignes, je repense à la surprise de certains amis quand je leur évoque un chanteur (pas celui de mon espace visionnaire) dont les chansons m’ont aidé quand je me sentais douter et que j’avais l’illusion que je me sentirais plus en sécurité avec un emploi, un compte en banque plus approvisionné, ou une situation sociale moins sauvageonne. J’ai eu des doutes assez souvent. Et lors des premières transitions après mon AVC, alors que je commençais à voir des fées et des anges et que cela m’éloignait de mes repères habituels, j’ai écouté Dany Brillant. C’était en quelques sortes mes premiers « chants medecine ». Je les chantais et cela me redonnait l’élan de découvrir de nouveaux horizons et de m’ouvrir à la spiritualité.

 

Bien que ce chanteur ne soit pas orienté vers les chants médecine que je rencontrais plus tard, il a écrit des chansons d’espoir et d’encouragement.

Comme ces deux chansons : « Nous avions décidé » et « Dieu ».

 
 
 

1 Comment


Stéphane,

"Choisir d'expérimenter encore un temps cette existence dans la matière"

et de témoigner de la partie divine, lumière manifestée: me voilà rassurée sur l'être humain.

Gratitude pour la découverte des vertus du châtaigner.

Ainsi que ces exemples sur le Pardon, évoqué aussi dans la prière hier...

Bien venu pour cette nouvelle année qui commence pour toi.

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