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Frère Jacques


Nous sommes dimanche. Pour moi, le dimanche est particulier. C’est le jour du pain. C’est-à-dire que même si je jeûne dans la semaine, ou que je diète, le dimanche est le jour où je partage un petit déjeuner et où le pain est présent. Et alors se présente ce moment chaleureux avec les personnes présentes, famille, amis, et aussi avec les plantes, car le blé est une de mes plantes parentes. J’aime le diéter. J’aime aussi le partager le soir, surtout en hiver, avec les esprits de la forêt et les animaux. Nous tartinons du beurre sur du pain de mie et nous allons offrir cela aux peuples de la forêt, dont les renards que nous affectionnons particulièrement.

 

Le dimanche est aussi le jour où j’ouvre la Bible. Je ne sais pas si vous connaissez ce livre, ou plutôt cette bibliothèque, tant il y a de textes. Personnellement, je connais peu cet ouvrage. Il m’est indigeste. J’ai essayé de le lire à de nombreuses reprises, sans succès. Alors je l’aborde comme un livre de messages, que j’ouvre au hasard, un peu comme on tire une carte messagère. Et la plupart du temps, cela correspond à une énergie du moment. Je m’attarde un peu et je perçois les signes dans mon quotidien qui vont dans le sens de ces messages. Je m’y attarde un peu. Et aussi quand je ne sais pas trop comment résoudre un problème, j’ouvre ce livre (ou un autre) et j’y reçois la réponse. Parfois en plusieurs fragments.

 

Aujourd’hui, je suis tombé sur un passage d’un certain Jacques. Je pensais vous partager un peu de ce que ce petit texte a amené.

Il s’adresse aux riches. Au début, je pensais qu’il s’adressait aux personnes qui ont une richesse financière. Puis j’ai perçu qu’il s’adressait à chacun de nous. Car nous sommes riches de cette Vie. Riches de ce souffle qui respire. Riches de cette eau qui voyage dans notre corps. Riches de ce feu, de cette terre, de ces pensées, de ces émotions… Oui, nous sommes riches de Vie et de manifestations en tout genre.

Or Jacques nous dit que lorsque nous disons « aujourd’hui ou demain, j’irai dans telle ville. J’y passerai une année. J’y ferai des affaires… », nous ne savons pas ce qui arrivera demain.

Et Jacques nous demande : « En effet, qu’est-ce que votre vie ? ». Il donne un élément de réponse : « C’est une vapeur qui parait pour un instant et disparait ensuite ».

 

Cela m’a ramené à cet épisode récent où un ami accompagnait sa chienne en fin de vie. Un chien, et tout animal qui nous accompagne, est une compagnie familière. Intime. Si intime qu’elle en devient un prolongement de soi-même. Et un jour, il y a un basculement. Mon ami a aidé sa chienne à se lever, à descendre les escaliers pour aller dehors, et arrivé dehors, la chienne s’est immobilisé. Puis elle s’est allongé et son dernier souffle a été rendu. Il me dit peu après : « Tu vois, il y a quelque chose d’étrange : tu es là, et l’instant d’après, tu n’es plus là ».

Et c’est notre réalité à tous. Nous sommes là, accessibles dans ce monde de densité, puis un jour nous ne sommes plus là. Si pour certains cela se fait progressivement sur un laps de temps assez court, pour d’autres c’est plus bref. Nous sommes là, et l’instant d’après nous sommes ailleurs. Et oui nos proches, nous sommes là, et l’instant d’après nous ne sommes plus là. Il y a une absence qui apparait. Un vide qui est créé.

Bien sûr, une autre relation peut apparaitre après avoir traversé certains passages, certaines séparations. Mais dans ce moment-là, quelque chose change. Pas pour un instant. Cela change, car c’est ainsi. Sans retour en arrière.

C’est aussi ce que nous invite à regarder la saison d’hiver. À quoi bon se prendre autant la tête pour défendre telle idée, se laisser entrainer par tant d’émotions, tant d’idées à nourrir, de batailles finalement inutiles.

Même essayer de profiter de la vie, de tirer profit de cette existence semble souvent sans vraiment de sens, car après chaque profit, chaque montée, il y a une descente. Un vide que nous essayons vainement d’éviter. Un vide que nous essayons de remplir pour ne pas le voir.

 

Mais ce vide, c’est en fait un espace. Et si à la place de profiter de la vie, profiter de plaisirs de l’existence, nous tenterions de servir la vie ? Oui, servir la vie. Et apprendre à savourer ces fameux cadeaux, comme autant de plaisirs offerts. Savourer la vie en voyant que ces moments douloureux sont aussi dans ce mouvement. Servir la vie, et arrêter d’essayer de chercher quelque chose d’extérieur, mais plutôt de laisser jaillir ce mouvement simple et lumineux qui nous traverse.

Jacques nous dit : « si tu sais faire quelque chose qui procure du bien, fais-le. »

Si nous laissons le meilleur nous traverser, dans nos activités familiales, sociales, professionnelles, méditatives, spirituelles, si nous sommes conscients que nous nous mettons au service du bien, alors nous nous rapprochons d’une présence vibrante. Cela vibre à travers nous. Nous sommes des instruments de cette vibration. Et nous en percevons les fruits dans le monde.

Nous apprivoisons ce vide que parfois nous avons mis des années à fuir. Un vide qui nous dit « n’aie pas peur. Je ne suis pas du vide. Je suis infini. Tu as crû que j’étais un abîme, je suis un espace empli d’amour. Je suis ce qui vit en toi. Qui a toujours vécu en toi.

Accueille-moi. Tu peux laisser cet espace s’ouvrir. Il contient toute vie. Tous les temps. Tout cela vit. Tout cela est contenu dans un bain magnétique d’amour. Le bon comme le mauvais. Tout est là. Tout a toujours été là.

Plus besoin de courir. Plus besoin de t’agiter. Laisse cela émaner. Ce souffle qui vient de cet espace. Qui te traverse. Qui t’es adressé. Et avec tes dons uniques, manifeste cela. Offre-le à l’humanité. À tous les êtres.

Oui, tu as la capacité de laisser cela émaner, avec la couleur unique qui te compose.

Et observe comme cela est bon.

Les cellules de ton corps, l’air qui t’environne, les êtres que tu croises… observe comme cela est bon. »

 

Au-delà de tout plaisir, la bonté a sa propre vibration. Et nous sommes là. Pour laisser se déployer ce flux invisible, non mesurable, non pesant ou pesable. Ce flux issu d’une espace de pure bonté. Et alors c’est la Vie qui se réjouit. Sentant cela, une sorte d’apaisement profond émerge. Une confiance se renforce. Et nous sentons que la vie émerge comme un nouveau printemps.

 

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