Au beau milieu de la nuit, une présence vint me visiter. Une présence qui maintenant devient familière. Elle rentre dans mon corps et nous partageons un temps dans un espace empli de ciel et de lumière.
- Il est temps de sortir le clown sacré de tes couches de protection. Écarte tes vieux habits et regarde, il est là ce clown sacré. C’est pour cela que ton père spirituel est un clown sacré. Il t’a montré la voie.
Oriandre est un clown sacré. Dans les traditions chrétiennes, surtout les traditions d’Orient, on appelle cela un « fol en Christ ». Cela est difficile à décrire, car il n’y a pas deux clowns sacrés qui se ressemblent.
Je me sentais plutôt avec cette énergie de l’eau, entre les tempêtes intérieures et les temps calmes, aussi calmes qu’un lac de montagne où le ciel vient se déposer et devient son unique reflet. Mais la présence insistait.
- Tu m’accueilles en toi, comme tu accueilles les esprits des arbres ou divers esprits de la nature. Est-ce bien sérieux cela ? Et quand tu as rencontré Fernando, ce mamo kogi, que tu sentais la montagne s’exprimer à travers son être, que tu ne voyais pas un humain, est-ce sérieux ? Il est temps de te laisser imprégner. De te laisser envahir par le divin. Le temps du raisonnable touche à sa fin. Les êtres qui vivent dans le raisonnable se laissent prendre à leur propre jeu. Ils en deviennent sérieux et ennuyeux. Même leurs histoires intérieures sont ennuyeuses.
- Mais comment faire ? je ne sais pas comment faire et je ne sens pas que ce soit ma nature profonde.
- Cela, tu le découvriras. Il ne s’agit pas de jouer un rôle. Cela, tu l’as déjà fait, et c’est pratique courante dans votre société occidentale. Jouer un rôle, c’est différent. Observe les enfants. Ils sont naturellement des clowns sacrés. Et votre éducation voudrait en faire de doux agneaux obéissants, suivant tous la même direction. Cela était valable hier. Aujourd’hui, la folie divine est déjà présente en de nombreux êtres. Cette illumination dont les textes sacrés parlent. Cette béatitude, cette libération des grandes traditions est à portée de nombreuses personnes dans l’époque actuelle.
Plus tu acceptes de laisser les espaces de lumière, les êtres vivant dans les ciels les plus élevés vivre en toi, plus tu deviens cet espace sacré.
Laisse les turpitudes humaines à la glaise, et illumine ce bout de terre qui te sert de corps. C’est ton temple. Ton espace d’expression. Chaque instant, tu reçois le souffle des anges et le souffle divin. Exhale cela. Transpire de lumière. Laisse l’infini te déborder et expanser tes corps jusqu’aux confins de la joie.
- Mais comment est-ce que je dois faire ?
- Il n’y a aucun « dois », ni aucun « je ». Tu connais l’échelle du ciel. Tu sais quand tu t’élèves dans les ciels lumineux, et tu reconnais aussi quand tu montes dans le grenier, ce ciel si proche de la terre où sont entreposés les vieilles habitudes et les mémoires sordides. Que ton échelle soit au plus haut. Et laisse s’exprimer. Tu n’es pas un « quelqu’un ». Tu es relié à toute la création, et tu as le choix de te relier au divin, ou par paresse de simplement monter au grenier.
Prie. Médite. Deviens transparent aux ciels élevés. Quand ton échelle est dans les ciels de lumière, marche sur les nuages. Laisse le vide te porter. Rencontre tes amis et alliés, et laisse-les redescendre avec toi. Ils sont de merveilleux compagnons. Ils sont ta constellation pour cette existence. Tes amis intimes. Des parts de toi-même.
Nous sommes tous des clowns sacrés. Le divin toque à la porte de nos pensées, de nos perceptions. Dans le divin, il y a ces esprits angéliques, ces esprits animaux, ces esprits des pierres, des eaux, des animaux, des plantes… il y a même des esprits non incarnés ou des esprits des défunts emplis de grâce qui vivent pour soutenir notre transformation. Notre évolution. Les laisser entrer en nous, c’est accepter de lâcher avec la notion de contrôle. C’est s’en remettre. Humblement. Agenouillés devant l’autel de nos prières, agenouillés devant la grandeur de la création, et se laisser imprégner. Se laisser bénir de lumière, jusqu’à en déborder.
Oui, la folie sacrée s’invite et s’immisce dans la folie ordinaire d’un monde qui voudrait tout contrôler. Il est temps de traverser nos vieux greniers et nos caves humides, de faire des percées et des trouées de ciel pur, pour laisser la lumière entrer.
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