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Instants péruviens



Voici deux textes écrits pendant le trajet de retour de mon voyage au Pérou. Je suis heureux de partager ces moments avec vous. Ces "Instants péruviens". Après avoir rejoint Marie, ma compagne, dans la selva (la jungle), nous sommes allés dans la sierra (les montagnes), dans la Vallée Sacrée, entre Cuzco et le Macchu Pichu. Ce texte est une invitation à découvrir cette vallée, tant les traditions y sont vivantes. Des traditions qui remontent à une époque pré-inca. Des traditions qui relient à d'autres temps, d'autres mondes...

Somos de la Tierra

Dans la hutte de terre au toit d’herbes sèches, le feu sacré.

Nous sommes avec Sara Luz, femme fière de ses origines quechua, de ses origines divines avec la terre.

La fumée du feu se mélange avec la fumée des plantes sacrées que nous fumons avec la pipe ou qui brûlent en encens dans le petit feu central.

Pour cette cérémonie, pieds nus sur cette terre sacrée, les plantes locales se marient à des plantes que nous connaissons.

« Passe cette plante sur ton visage, sur ta peau », indique notre amie en tendant une branche de romarin fraîchement cueillie.

« Accueille les plantes. Apprends à les observer. A les écouter. Certaines ressemblent à ce que tu connais, et pourtant elles sont différentes. D’autres ne ressemblent absolument pas à ce que tu connais, dans leur aspect physique, et pourtant leur esprit est proche de celui de plantes qui te sont familières.

Apprends à observer.

A sentir.

Les yeux de la terre.

Les yeux des messagers de la terre.

Ces yeux peuvent devenir tes yeux. Pour sentir.

Laisser la terre te montrer.

Avec ses yeux.»

Il y a des connaissances que des livres peuvent transmettre. Et il y a ces connaissances qui passent dans nos vies comme des nuages. Comme une fumée au parfum saisissant.

Ici, les montagnes, les lacs, les rivières, les nuages,…sont des Apus. Des Dieux. Pas des divinités. Plutôt des déités. Ces qualités divines qui sont si vivantes, si vibrantes, qu’elles nous parlent.

La nature est parcourue de signes vivants que le cœur ouvert permet de lire.

Un cœur ouvert.

Présent.

A chaque instant.

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« Ce que disent les livres au sujet de notre vallée sacrée, sur la nature ou sur ses monuments, ce sont des histoires sans fondements. Sans la vérité profonde qui se transmet depuis des temps lointains. Plus lointains que la mémoire humaine. »

Après une longue marche débutée dans la nuit, à 4h du matin, nous avons gravi à quatre ce sentier qui monte vers une porte. Une porte de pierre posée à flanc de montagne.

Partir la nuit, accueillir le jour, ce sont des processus que notre amie et guide quechua connaît bien.

Nous marchons dans ses pas. Ses pas du moment, avec son rythme soutenu porté par ses petites sandales. Ses pas lus anciens aussi, quand elle montait enfant pour être enseignée sur ces lieux sacrés.

Des pas plus anciens encore, quand les Dieux des montagnes ont fait ériger aux humains des monuments mystérieux, des portes aux clés magiques.

Nous sommes à une de ces portes, face aux Apus. Ces montagnes sacrées, vénérées, déités vivantes de la Vallée Sacrée au Pérou.

La cérémonie à nouveau se vit pieds nus. Pieds nus sur la terre sacrée. La porte ouvre sur les paysages. Pas sur un édifice. Une porte sur l’infini. Sur les horizons de ciels immenses et de montagnes géantes.

La cérémonie est simple. Guidée. Notre amie est lumineuse. Un instrument au service de la lumière. Chaque mot, chaque geste, chaque implication de notre part est fluide et amène en nos corps, dans tout notre être, la conscience du sacré.

La cérémonie est sur le point de conclure. Et là, sortis de nulle part, trois condors viennent nous survoler un instant.

« Ce sont les messagers des Dieux. Ils viennent soutenir cette cérémonie et le travail spirituel que chacun de nous déploie dans sa vie »

Quelques secondes à nous surplomber, majestueux, et les condors s’en vont. Disparaissent.

Les condors sont très rares dans ce coin de la vallée. Peu de gens ont eu la chance de pouvoir en observer.

Gratitude.

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Nous avons rencontré cette vallée en allant d'un lieu magique à un autre, avec quelques cérémonies venues ponctuer notre parcours. Notre visite est devenue un pélerinage. Notre guide nous exprima que le Macchu Pichu est un lieu si puissant qu'il se rencontre en se préparant. Notre façon de marcher, de devenir pélerins, d'honorer les messages de la nature, des traditions aussi, est une façon d'aller au Macchu Pichu. Nous n'y sommes pas allés cette fois ci. La préparation n'est pas encore complète. Nous n'y sommes restés que 3 semaines. Nous verrons en y retournant.


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