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Joie





J’étais assis là. À ma gauche, une femme gardait l’eau. Gardienne de l’esprit de l’eau.

À ma droite, un homme gardait le feu. Gardien de l’esprit du feu.

 

Je fermais les yeux et je demandais intérieurement à la gardienne de l’eau de me montrer l’enseignement du jour. Elle me montra un grand lac en montagne. Un lac qui respire de paix et de douceur. « Regarde comme ce lac t’apaise » me dit-elle. Et c’était vrai. Je sentais l’apaisement ambiant, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de moi. Tout était au diapason de ce lac paisible.

 

Puis l’instant suivant, je me retrouvais en bord d’une étendue sèche, qui pouvait avoir été un ancien lac, ou une mer. Il n’y avait pas d’eau, juste de la terre craquelée.

« Que ressens-tu ? » me demanda la gardienne de l’eau.

La tristesse et la désolation étaient les seules perceptions qui montaient. Comme un vide de vie. Un manque comme on peut manquer dans les moments de grande soif. Je me sentais sec et triste.

 

« Le contraire de la paix n’est pas forcément la colère, mais aussi la sécheresse du cœur. Le manque de joie. La joie est une manifestation de la paix et de l’amour qui réside en toute chose. »

Je sentais qu’elle me parlait de la joie pure. Cette joie de l’eau. Pas une joie dépendante d’une situation ou d’un gain, mais la simple joie qui est là. Qui dessine un sourire extérieur ou intérieur.

« Connecte à cette joie » m’invita la gardienne.

 

Et à nouveau, je fus projeté vers ce lac de montagne. Mais en plus de ce lac, je sentais ambiante cette joie dans l’air, dans le ciel et les nuages. Je sentais cette paix et cette joie dans la terre.

 

« La joie offre une énergie puissante. Bien plus puissante que ce que tu peux imaginer. C’est ta joie qui fait pleuvoir dans les pays qui manquent d’eau. Ta joie et ses fruits, comme la gratitude, l’enthousiasme, l’espérance… ta joie fait pleuvoir où il fait sec. Elle abreuve les lacs et les rivières, elle fait pleuvoir sur les plantes et les animaux, elle active les roches endormies. Ta joie est précieuse. Sois comme un enfant, capable de ne pas comprendre. Capable de connecter à cette joie. Et le cœur des humains, tout comme ton cœur, déverse des sources d’amour. Des sources d’eau pure. »

 

 

J’accueillais cela. Je le laissais descendre au plus profond de mes cellules et au plus profond de mon corps. Mon cœur débordait de vie. De joie. C’est à ce moment que le gardien du feu m’invita à le rejoindre.

 

L’instant suivant, je me retrouvais devant un feu. Je retrouvais là un ancien, qui me raconta une histoire. Une histoire sur le feu. Sur Grand Père feu. Il est possible que cet ancien qui parlait était lui-même ce grand père feu. Je ne saurais dire. Mes yeux étaient captivés par le feu qui dansait devant moi et j’écoutais les paroles de l’ancien.

 

« La joie est comme le feu » semblait me dire en arrière-plan le gardien du feu. Tu peux rassembler autour de cette vibration de joie. Et tu peux la partager. Simplement. Cette joie est comme un feu qui rassemble les êtres et qui peut se partager. Chaque cœur est un foyer de joie. Quand les pensées deviennent sérieuses, le cœur perd de son intensité de joie. De sa lumière. Car il te faut nourrir cette tête qui demande tant d’énergie. Mais si tu nourris ton feu du cœur, tu peux t’assoir à l’intérieur de toi-même. Ici, autour du feu, se réunissent les anciens et les enfants. Se réunissent tous les êtres prêts à voir les étincelles d’émerveillement jaillir. Prêts à accueillir les esprits de la nature. Les esprits du feu. Le feu semble avoir été maitrisé par les humains. En fait, nous avons donné le feu aux humains. Aujourd’hui, il s’agit de trouver l’esprit du feu. Et la joie dans ton cœur peut permettre de t’y relier. C’est un beau cadeau que tu peux offrir à d’autres êtres. Car cette joie peut se partager. C’est ce que vous appelez un « feu de joie ». Ce feu réside à l’intérieur de chaque être. Regarde les enfants, ils le manifestent dès leur plus jeune âge. »

 

Je regardais à l’intérieur de moi. Il me semblait que cet ancien, qui avait continué à parler pendant que j’écoutais l’esprit du feu, était sur le point de finir son histoire. Finalement je n’avais pas été attentif à son histoire. Lorsqu’il conclut par « voilà l’enseignement que nous apporte cette histoire », je sentis que j’étais comme un enfant qui écoute un vieux sage. Par-dessus le feu, je voyais son visage ridé. Il avait quelque chose d’amérindien ce vieil homme. La peau était marquée, ses cheveux longs et blancs, et surtout, son regard était plongé dans le feu et ses pupilles reflétaient la lumière dansante des flammes.

 

Un instant me traversa l’idée saugrenue que les dragons était aussi gardien du feu. Qu’ils étaient des ponts entre les mondes. Et que ce grand père là pouvait être un dragon à apparence humaine. Je ne sais pas si je l’ai imaginé, mais au moment où je pensais cela il me sembla que le grand père devenu silencieux esquissa un sourire presque imperceptible, et ses yeux aussi ont brillé de façon particulière.

 

Alors je retournais en moi-même. Avec ces enseignements. Ces énergies. Comme cela m’a touché, je souhaitais aussi vous partager cela.

Si nous connectons à la joie, l’esprit de la joie, nous connectons aux esprits des éléments et à la terre mère elle-même. Nous faisons vibrer des conditions favorables pour que les êtres puissent boire, et nous permettons que des conflits se désamorcent, que la paix se déploie.

Et finalement, à cette perspective, un sourire intérieur nait naturellement. Sans effort. Il s’agit juste d’y revenir. Il a toujours été là et attend patiemment que nous venions nous y connecter.

1 commentaire


Gisele Oh
Gisele Oh
28 nov.

Merci Stéphan quelle douceur 😘

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