top of page

Fleuves d'or


Je sens des fleuves d’or.

 

Des fleuves d’or qui coulent à l’intérieur de moi, auxquels je n’ai pas accès.

Ces fleuves d’or sont remplis de connaissance. De sagesse. Ils contiennent la connaissance et la sagesse de tous les temps.

Oh, qu’il me soit possible de me laisser porter par les courants d’or et de lumière. Que je puisse me fondre dans cette eau divine.

 

Nous avons tous un double. Un double de lumière. Un autre corps. C’est le corps doré dont parlent les druides et les écritures saintes. C’est ce corps qui perdure quand l’autre corps trépasse.

 

Je sens ces fleuves d’or qui m’éveillent en pleine nuit et m’invitent à méditer et à prier.

Je sens ces fleuves d’or quand lors de certaines méditations une sensation particulière parcourt tout le corps et les pensées, et déverse une grâce peu commune.

Je sens ces fleuves d’or couler dans les veines et dans tout le corps de certains êtres. Chez certains, ces fleuves semblent endigués, ne pas arriver à trouver leur estuaire. Il faut du temps, de la répétition de ces vagues intérieures pour se frayer une brèche, pour ouvrir ce qui les contient. Chez d’autres, plus rares, cela se déverse dans l’espace qui les entoure. Comme un champ de lumière chaleureuse qui rassure. Qui apaise.

Chez certains, je ne sens pas ces fleuves. Je sens des fleuves de boue ou de sang.

 

Je sens ces fleuves d’or qui me traversent et parfois se heurtent à mes digues intérieures, à ces parapets qui résistent à Dieu. A ces murs qui se dressent face à l’abandon confiant dans le sublime. Alors patiemment, le meilleur que je puisse faire, le meilleur que nous puissions faire, c’est de nous retirer des relations et des informations qui nous parlent d’un monde fini, d’un monde défini et contenu, pour se plonger dans les espaces intérieurs ouverts ou partager un temps avec des êtres végétaux, animaux, humains, qui incarnent cette lumière dorée. Laisser un instant à nouveau l’Esprit déverser ses énergies rayonnantes.

Certains textes parlent d’une chute. Oui, il y a bien chute énergétique qui est perceptible quand nous contenons ces fleuves d’or. Mais ce n’est qu’une conséquence. La cause est au contraire une contention. Car lorsque nous chutons, dans l’abîme, nous croisons celui qui marche sur les airs et sur l’eau. Celui qui d’un pas serein marche sur la terre comme sur l’air. Il nous montre le chemin. Non pas de marcher sur ce qui n’est pas matière, mais de plonger dans cet abîme sans fond qui nous mène à nous même. Qui nous mène aux espaces divins. Les terres de l’Esprit rayonnent dans le ciel. Et ce ciel, en cette existence terrestre, réside tant haut dans les cieux inaccessibles qu’au plus profond d’un abîme où notre pensée s’abandonne. Où notre vouloir s’abandonne. Où notre identité et toutes nos histoires s’abandonnent. 

Rencontrant le maître de l’amour, la pensée s’abandonne et plonge. 

Plongeant dans un abîme sans fond, et dans une chute sans temps et sans espace, elle traverse le voile et touche la douceur de ces fleuves dorés.    

 

Je sens ces fleuves dorés. Ils appellent. Au plus profond de chaque être. La terre appelle ces fleuves dorés que chacun peut découvrir.

Nous sommes tous des chercheurs d’or.

Il ne s’agit pas de piller l’or de la terre, mais de trouver l’or du ciel. Il circule librement dans toutes les terres. Les fleuves scintillants sont là, au plus profond de nous-même. Ils portent en eux l’or du ciel, l’or des cieux.

 

Au bord de l’abîme, le maître des cieux tend une main aimante. Ses vêtements sont d’une étoffe mélange de soie douce et de lumière. Dans ses cheveux se reflète la lumière. Sa main, c’est la main qu’il nous tend, car parfois pour lâcher prise, nous avons besoin de cette main rassurante. Alors il est là.

- Si tu ne veux pas plonger, si l’abîme te fait peur, prends ma main. Marche dans mes pas.

 

Le visiteur curieux verrait les deux êtres marcher quelques pas et disparaitre.

Oh, il y a tant de voies qui mènent à ces rivages dorés. Tant de possibilités, tant de manières. Des façons qui ne viennent pas de la terre. Pas de celle que nous prenons pour une simple matière.

 

Alors chacun notre tour, quand cela est le moment, les moyens apparaissent. L’abîme se présente. Quel que soit le temps que cela prend, face à l’abîme, nous déposons ce qui nous retient. Ce qui nous rattache. Et librement, dans un abandon choisi, dans un effort si léger qu’il porte en lui déjà la lumière, nous nous abandonnons au doré. A l’or de la lumière. Ce que la lumière a de plus épuré, de plus léger. Nous plongeons dans les espaces où les seuls mots sont divins. Où seul l’amour étend ses ailes de lumière.

 

Nous devenons sa merveilleuse lumière et nous sentons qu’au-delà de toute volonté, au-delà de tout ce que nous pourrions imaginer, des flots émanent. Ils coulent débordants à l’intérieur et à l’extérieur. Il ne reste que cela. Qui jaillit. Qui jaillit. Et qui jaillit encore.

Il n’y a que cela, quand nous abandonnons nos drapeaux, nos oripeaux et nos vieilles carapaces, il n’y a que cela.

Un abîme.

Et après avoir tout déposé, abandonné, nous plongeons dans l’abîme. L’air nous habille de lumière et l’eau y dépose ses reflets dorés. Nous revêtons notre habit de transparence. Notre vêtement de lumière, d’où jaillissent des émanations de lumière.

Je les sens ces fleuves d’or. Ils m’appellent. Oui, ils m’appellent. 

 

Comme un écho dans un ciel sans nuages, je sentis la voix de l’Ange :

 

- Pour être sans cesse portés par l’esprit céleste, il faut que l’au-delà se renverse en vous et emplisse jusqu’à ras-bord vos pensées les plus élevées.

Sois débordant de ciel. Porte tout le ciel en dedans de toi.

 

Je les sens les fleuves dorés, les fleuves célestes de la lumière. Ils nous appellent. Oui, ils nous appellent.


 

Je venais d’écrire ce texte quand un petit ajout a voulu se greffer :

 

Des fleuves d’or coulent dans vos veines.

Vos yeux sont faits pour voir l’invisible, pourquoi vous attachez-vous autant au visible ?

Vos oreilles sont faites pour entendre le silence. Pourquoi les nourrissez-vous de sons ?

Dans le silence, des voix parlent. Même un murmure est plus fort qu’elles. Elles sont si ténues, que seul le silence peut les atteindre. Paillettes dorées sur un écran blanc.

bottom of page