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Je suis cela


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Nous venons de recevoir les représentants de nations Kogi (Colombie), Q’ero (Pérou) et Aymara (Bolivie).

Il y a eu beaucoup d’enseignements dans notre petit vallon magique. Et ce que je retiens surtout est ce moment d’enseignement avec notre ami q’ero Climaco. Il a commencé ainsi : « nous sommes des êtres d’éternité. Des Êtres éternels. »

Je ne me souviens pas de la suite. C’est ce que j’ai principalement retenu de ces deux jours et trois nuits, de cérémonies et de ces heures d’enseignements.

Vous pouvez vous répéter cette phrase, comme je l’ai fait depuis que je l’ai entendue prononcée par mon ami : « je suis un être d’éternité ».

 

Sur l’instant, quand il a dit cela, j’ai senti mon corps se dilater. J’ai senti que les limites de l’espace se dilataient. Et je n’ai pas entendu le reste de l’enseignement. Je suis resté dilaté, percevant l’enseignement de mon ami, percevant les participants, la rivière et les arbres alentours, mais sans rien de précis. Juste une saveur douce et vibrante. Jusqu’à la fin de l’enseignement.

Le temps aussi était dilaté, avec un goût d’éternité. Étrangement, dès que l’enseignement s’est terminé et que les relations humaines ont repris, le charme s’est rompu. À travers les sollicitations, je redevenais le papa de mes enfants, le mari de ma femme, le membre de la tribu où avait lieu la rencontre…Les sollicitations verbales et les regards me renvoyaient à une densité et à une temporalité très limitée.

Je remarque que les relations sociales, ou la sécurité affective ou matérielle ne m’apportent pas la joie. Cela m’apporte des relations ou de la sécurité. Mais cette joie, elle vient n’importe où, n’importe quand, lorsque je perçois cette éternité. Lorsque je sens que je reviens à ce que je suis profondément.

 

Alors comment faire pour revenir à cet état quand il s’évapore ? Je sens la fragilité et le poids des conditionnements qui font basculer dans les relations sociales basées sur la personnalité (le personnage comme le disent certains enseignements). Oui, une fragilité qui fait perdre pied. Qui fait fondre les ailes d’éternité.

Alors ces derniers soirs, depuis le départ de mon ami Q’ero, je dors à la belle étoile avec ma femme et nos enfants.

Je regarde le ciel, et je me dis « je suis un être d’éternité ».

Mais les étoiles restent silencieuses et lointaines.

Profitant de la pleine lune, je regarde les arbres de la clairière où nous dormons, au milieu de la nuit. Et je leur dis : « je suis un être d’éternité ». Mais les arbres sourds à mes paroles semblent ailleurs. Ils restent impassibles à mon propos.

Alors je me suis rallongé, et j’ai regardé le ciel à nouveau.

Les étoiles lointaines brillaient et je sentais à quel point l’espace est vaste.

« Je suis cela » vint spontanément dans mes pensées.

« Je suis cela » venait comme une certitude. Je me sentais être non pas une étoile, mais la qualité qui vibrait dans le ciel.

Je tournai ma tête vers les arbres, « je suis cela » se posa dans l’espace entre nous. Les arbres et moi étions unis dans un espace vibrant, nous étions « cela » ensemble.

Puis j’ai regardé ma femme et mes enfants qui dormaient. J’ai senti leur vibration. J’ai senti ce que je ne sens que trop peu quand nous sommes tous réveillés et que les relations sont agitées de pensées et d’émotions. Là, dans le calme de la nuit, « je suis cela » vibrait. Au-delà de leurs visages assoupis, je sentais cette présence.

 

Un peu plus tard, j’allais visiter des retraitants dans la forêt. Un retraitant n’est pas un humain habituel. Il vit dans un autre espace-temps. Alors en arrivant sur leur emplacement, je regardais les feuilles d’arbres, la terre et nuages, sentant intérieurement « je suis cela ». Puis face au retraitant, silencieusement, je laissais monter « je suis aussi cela ».

Dans ces moments-là, il n’y a entre humains que de l’amour. De la paix. De l’espace.

Au-delà de nos histoires, de nos références au passé, de nos projections dans le futur, il y a dans l’instant un espace qui nous attend. Un espace ouvert. Paisible. Aimant. Un espace qui a une voix, et qui dit « je suis cela ». Si vaste qu’il contient tout.

 

Dans cet espace vaste, j’invite des amis. Des alliés. J’appelle des esprits de plantes, ou des esprits de montagnes ou lieux sacrés. J’appelle parfois des guides, enseignants ou protecteurs spirituels. Je leur laisse emplir l’espace qui se donne. L’espace qui relationne. Je leur laisse me montrer. Je m’assieds à l’intérieur de moi-même, et je les observe. Cela parle à travers ma bouche, teinte les pensées, influence les perceptions corporelles… je ressens cela.

Progressivement, comme un espace dilaté revenant vers son centre, l’écho que me renvoie ma respiration est « je suis ». Cela se diffuse dans tout le centre de mon être. L’espace s’ouvre encore plus. « Je suis ». Sans support. Sans forme pour le capter. Il n’y a plus de cela. Juste perdure un « je suis ». Et l’amour apparait.

 
 
 

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