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Joie du Voyage (essai)




Ce que j’aime dans les voyages, c’est cette possibilité d’aller en des endroits où on ne nous connait pas. Il n’y a pas d’histoire. Pas d’enjeux. Pas de représentation.


Comme nous ne sommes que passant, il n’y a rien qui aie envie d’être créé.

Nous ne sommes pas un « quelqu’un ». Nous n’avons pas de rôle.


Le voyage est un reflet à l’extérieur de l’aventure intérieure. Lâcher avec le « moi ». Lâcher avec le rôle ou les rôles que nous avons : rôle social, rôle professionnel, rôle familial…

Nous sommes comme neufs. Un être qui passe, dans un corps qui passe.

Et cet être vit alors des aventures avec d’autres êtres. Des hommes, des femmes… des rencontres. Des instants où la joie se partage dans des petits riens.


L’amour qui nous habite, l’amour que nous sommes se partage avec des inconnus à travers notre joie et notre paix. Nous sommes des manifestations de l’amour, pour peu que nous arrivions à accepter les aléas du voyage. Si la nourriture ne nous plait pas, ou que la température extérieure nous dérange… peu importe. La vie se déploie. Il y a toujours une occasion de se réjouir et d’apprendre à dépasser nos limitations. Le voyage est une extraordinaire aventure d’adaptation.


Rencontrer d’autres humains. D’autres cultures. D’autres repères.


Nous rentrons dans la vie d’autrui sans nous impliquer. En étant aussi légers que des papillons. Nous partageons la couleur du moment.


Si nous voyageons dans un pays particulièrement pauvre, nous pouvons avoir un paquet d’étiquettes sur nous. Car nous représentons cet « autre ». Alors la mendicité, l’envie, la jalousie… peuvent être projetées sur nous. Comme un rôle que l’on voudrait nous proposer : l’homme riche qui débarque en milieu pauvre. Très intéressant. Car ce rôle, on peut l’observer. Pour peu que nous soyons dans une démarche intérieure, nous pouvons observer cela et ne pas rentrer dans le rôle. Simplement l’observer comme d’autres rôles que nous n’identifions pas forcément au quotidien. L’aventure du voyage nous permet cela. Dans le décalage culturel des pays que nous visitons, nous pouvons facilement voir les projections faites sur nous, et nous pouvons aussi voir certaines identifications de nos interlocuteurs.


Et parfois cela s’efface. Quand une forme de rencontre émerge, basée sur un rien. Une confiance. Une ouverture. Une rencontre sans attentes. Une rencontre qui nous fait être ce que nous sommes profondément : des êtres sans histoires, des êtres d’amour.

Nous vivons aussi des aventures avec des lieux et leur énergie. Ces aventures nous permettent de nous remettre dans un contexte et une connexion à la planète où nous nous sommes incarnés pour cette existence.


Sans attaches, sans retenue, plonger dans la présence des lieux. Le voyage induit un aspect éphémère qui invite à ne pas regretter le merveilleux qui va disparaître, mais de l’accueillir pleinement. Au présent. Savourer. Se laisser imprégner. Puis laisser partir ce qui s’estompe lorsque le déplacement reprend.


D’ailleurs, le voyage permet aussi de voir que rien n’est reproductible. Car la rencontre est une alchimie. C’est un écho de votre énergie du moment. Si vous repassez dans un lieu merveilleux, et que vous gardez le souvenir de la précédente visite, vous aurez des attentes et vous serez surpris ou déçu. Mais si vous vous entraînez à accueillir le nouveau, à limiter les projections, chaque rencontre sera nouvelle... même en des lieux connus...

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