La pomme et la fleur
- Stéphane Boistard
- 22 juin
- 10 min de lecture

J’aime recevoir les enseignements des arbres.
Ce matin, je recevais deux enseignements des arbres.
Dans le premier enseignement, il me fut montré une fleur de pommier. Puis la pomme. Et il me fut demandé : « quand tu manges une pomme, est-ce que tu penses à la fleur ? Est-ce que tu ressens la fleur ? ».
Je constatais que non.
« Les arbres vous montrent les métamorphoses qui existent aussi dans le règne animal. Chez le peuple des plantes, les métamorphoses sont montrées. Graine, plante qui émerge, fleurs, fruits… Cela vous est montré. Chaque phase est une énergie. Une transformation de l’énergie générale de la plante.
Chez les animaux, il en va de même, mais de façon moins visible. La larve de libellule reste discrète dans l’eau, et vous avez tendance à voir et vous émerveiller de la libellule adulte qui vole et vient vous visiter au bord de la rivière.
Chez les humains, il y a aussi ces métamorphoses. Mais elles sont intérieures. Ce que tu vois chez l’arbre ou la marguerite, tu peux aussi le percevoir chez l’humain. Essaye. »
J’ai donc essayé. Il y avait mon jeune fils à côté de moi. Je l’ai regardé un instant. Puis j’ai fermé les yeux. Puis regardé à nouveau et fermé les yeux. Je ne sentais rien de particulier au départ. Mais je savais que l’esprit des arbres me soutenait dans cette expérience. Je m’en suis remis à cet esprit venu m’enseigner. J’ai senti un relâchement dans le corps, dans les pensées aussi. Puis j’ai senti de la place. J’ai senti dans ce relâchement une dilatation de mon corps. Et j’ai clairement senti que l’espace intérieur et l’espace extérieur devenaient une continuité. Il n’y avait plus de séparation claire entre l’intérieur de mon corps et l’extérieur. Il y avait juste une énergie présente et les perceptions qui changeaient. Et j’ai alors pris conscience que je rencontrais l’énergie dilatée de mon fils. Il dormait, et je pouvais facilement le rencontrer. Sentir un espace entre nous qui était une rencontre. Je sentais cette non séparation.
C’est déjà beaucoup de pouvoir rencontrer cela. Je sentais la paix, la dilatation du corps, et cette énergie particulière.
— Bonjour papa, me dit un garçon dans l’espace de mes pensées.
Sans que je ne cherche quoi que ce soit en ce sens, un espace visionnaire venait de s’ouvrir. Je sentais la présence de l’esprit des arbres, et cet espace particulier qui ouvrait une qualité visionnaire.
J’ai reconnu ce garçon qui est apparu dans l’espace visionnaire. C’était mon fils qui était passé de deux ans à une dizaine d’années. Je m’adressais à cet être.
— Est-ce que c’est toi plus tard ?
— Oui et non. Papa, il y tant de chemins devant moi. Tant de possibilités différentes, que cela peut venir jusqu’à ce que tu vois maintenant, ou prendre un autre chemin. Pour le moment, tu vois une possibilité. La possibilité principale.
Tu me vois petit enfant et tu me vois plus grand. Observe ce qui se passe. Ce que tu apprends maintenant, tu pourras me l’apprendre plus tard. Tu peux l’inscrire dans ton champ mémoriel.
— Tu veux dire dans ma mémoire ?
L’esprit de l’arbre intervint.
— Pas exactement. La mémoire, dans ce que tu dis, est comme une information physique. Un lieu de stockage de souvenirs. Le champ mémoriel est tout autre. C’est un espace vibratoire où résident les informations sous forme de vibration. Il ne s’agit pas de souvenirs, avec un passé et un futur, mais plutôt d’un présent toujours présent, hors du temps. Hors de la temporalité.
— Je comprends, il me semble, mais en même temps je ne comprends pas.
— Les métamorphoses ne sont pas les changements d’aspects physiques. Ce n’est pas le vieillissement du corps. Ce sont des changements énergétiques. Une autre façon d’aborder ce qui existe. Ce qui vit. Et ce qui vit, ce qui existe, se manifeste dans plusieurs dimensions, qui dépassent la notion de temps ou même d’espace.
— Je ne comprends pas trop. Mais peut être que je peux le sentir.
— Reviens à ton fils. À la conscience qui perçoit. Reviens à ton ressenti. Tu vas comprendre par l’expérience ce que ta tête ne peut pas comprendre.
Je revins à l’espace dilaté, et à mon fils jeune adolescent.
— Je suis heureux de te rencontrer.
— Moi aussi papa.
— Je te sens là, enfant de deux ans, et à la fois je te sens plus grand. Je vous sens tous les deux, tout en sachant que vous êtes la même personne. C’est bizarre. Et ce qui est plus étrange, c’est cette atmosphère si paisible dans laquelle nous baignons.
— Papa, je vis déjà à l’âge que tu vois, et même à d’autres âges. Je suis là.
— Tu es là ?
— Oui, je suis là. Je suis au-delà de la forme que tu vois quand tu me regardes bébé.
— Est-ce que tu es aussi cette énergie que je sens ? L’atmosphère est si douce, si paisible.
— Oui papa. Tu es en train de vivre une métamorphose. Tu perçois différemment. Tu actives ton corps spatial. Ce que tu nommes souvent « corps de lumière ». Tu apprends à l’activer.
Je sentais mon fils très différemment que ce que je sentais d’habitude.
— Papa, tu es entrain de percevoir l’espace qui relie tous les êtres. L’espace de rencontre. C’est un espace visionnaire. Il est au-delà de la vue, et pourtant il est visible.
Je sentais cela. Je sentais mon fils, et je sentais aussi sa maman qui était allongée proche de lui, accompagnant sa sieste.
— Concentre ton attention sur le chêne, me dit la voix de l’esprit de l’arbre
Je fis cela. Je percevais l’arbre dans une nouvelle dimension. Je sentais à la fois le gland, la jeune pousse, le jeune arbre et l’arbre adulte. Je les sentais tous. Je sentais que l’arbre était la somme de tout cela. Un ensemble. Je sentais dans l’arbre adulte tous les stades de croissance précédents.
La voix reprit :
— Ce que tu perçois là n’est pas qu’un changement de forme. Tu perçois ce qui existe au-delà de la forme. Ce qui est toujours là. Tu vois l’âme de l’arbre.
— Mais je ne sens pas de grands changements.
— Chez l’arbre, il y a une énergie assez constante, bien que connaissant des variations que tu pourras percevoir avec un peu de pratique. Ses métamorphoses sont principalement extérieures. Chez l’humain, ces métamorphoses sont principalement intérieures. L’arbre est naturellement relié, non séparé, percevant et vivant dans plusieurs dimensions. Il n’est pas arrêté par ses sens. Il est déjà dans l’espace d’amour, le percevant et le manifestant. Toi, en tant qu’humain, tu fais le chemin de retour vers cet espace d’amour au-delà de la forme. Au-delà de ta dimension matérielle. Tu apprends à changer ta vue à changer tes perceptions, et surtout à changer ta vibration. Tu changes de cohérence. Chaque métamorphose est un changement de cohérence. Nouvelle façon de percevoir. Nouvelle vibration. Nouvelle façon de penser ou de te relier.
— Et c’est permanent ?
— Cela dépend de toi. Chaque métamorphose connait ses périodes de mues. Pour chaque être, la mue est plus ou moins longue.
— Est-ce que cela peut se faire sur plusieurs existences ?
— Oui. Mais pas au sens où tu l’entends. Dans ce que tu exprimes, je sens que tu évoques plusieurs existences terrestres.
— Oui
— Je sens aussi que tu imagines plusieurs existences situées dans le temps. Une expérience après l’autre.
— Oui, comme dans les différentes incarnations.
— C’est différent. Non seulement ce n’est pas sous forme humaine, ou même sur Terre uniquement, mais c’est aussi dans une autre vision de la temporalité.
— Tu peux m’expliquer ?
— Oui. Je ferais même mieux, je te le montrerai. Mais il y a une leçon que tu as à recevoir aujourd’hui.
— Je suis prêt.
— Que sens-tu des actes que tu as posés hier ?
Je repensais à ma journée de la veille. Notamment à l’élagage de certains arbres pour laisser un passage ouvert. Malgré la petite voix intérieure qui me répétait de faire des offrandes avant de couper, je ne l’ai pas fait. Puis je l’ai fait en fin de journée, mais j’ai senti que cela n’était pas harmonieux. Je me sentais un peu gêné que l’esprit de l’arbre revienne sur ce sujet.
— Très bien, reprit la voix. N’aies pas de regrets, ou ne développe pas ta culpabilité. Sache que tu peux suivre cette voix intérieure. Ce n’est pas ta voix. C’est un mélange de plusieurs voix, et tu peux sentir que tu captes des choses. Tu es un canal, tu le sais déjà. Et tu peux capter des voix de plusieurs qualités, à toi de faire le tri quand cela vient de fréquences basses.
— Oui, je le fais déjà.
— Pas exactement. Car en même temps que tu captais que tu avais à faire des offrandes, il y avait une autre voix qui te disait : « oh c’est bon ! Tu peux y aller, on arrangera après ! ». Et c’était une voix d’une autre fréquence. Ce qui fait que ta vibration, quand tu as élagué, n’était pas ajustée. Tu n’étais pas en cohérence avec le territoire ou les arbres. Pas en cohérence vibratoire.
— Oui, je l’ai senti.
— Bien. Nous te demandons d’être vigilant avec cela. La cohérence est importante dans la voie spirituelle. Elle permet les métamorphoses. Sinon, tu stagnes à un niveau vibratoire.
— D’accord. Je serais plus vigilant. Mais est-ce que je dois faire quelque chose pour rétablir ce qui a été négligé hier ?
— Oui. Chez les arbres, et pour tous les êtres, hier n’existe pas. C’est un champ vibratoire. Et tu es relié à ce champ vibratoire avec un lien dysharmonieux. Tu peux rétablir l’harmonie. Cela te remet en cohérence.
— Et si je ne le fais pas ?
— Tu as le choix. Il n’y a pas de sanctions. Du moins pas de notre part. C’est toi qui te sanctionnes. Tu gardes une empreinte vibratoire d’incohérence, jusqu’à ce que tu puisses rétablir une vibration cohérente.
— D’accord. Comment rétablir la cohérence, puisque c’était hier que j’aurais dû faire des offrandes ?
— Il ne s’agissait pas de faire des offrandes. Ce n’est pas un geste automatique. Comme une sorte d’autorisation implicite, je fais une offrande puis je coupe. Il s’agit de demander à l’invisible. D’écouter depuis ta vibration de cohérence ce qui est juste. Quelle action juste. Quel rythme juste. Tout comme quelle parole juste, ou quel acte juste. D’après la cohérence vibratoire. D’après ton espace relié et visionnaire. C’est le mieux que tu puisses faire.
— Bien. Mais pourquoi évoques-tu les paroles ?
— Ce que vous appelez pardon est une réparation d’une incohérence vibratoire. Vos paroles créent aussi de l’incohérence vibratoire, et elles participent aussi à rétablir ou manifester la cohérence. Tout comme vos actes. C’est ce que je te disais tout à l’heure. Vous êtes un canal. Dans ce canal, il y a plusieurs influences vibratoires, des fréquences plutôt hautes, et d’autres plutôt basses. Selon l’importance que vous laissez aux fréquences basses, elles viennent inscrire une incohérence dans vos pensées ou vos émotions, ou même vos états physiques.
— Et que faire quand cela arrive ?
— La culpabilité ne sert à rien. Il s’agit d’observer et de créer la cohérence. En demandant aux fréquences hautes de vous indiquer la voie à suivre. Et vous le faites. Vous rétablissez l’harmonie.
— Mais l’harmonie à quel niveau ? Je suis responsable de la dysharmonie générale ?
— Oui, en alimentant et en laissant des empreintes dysharmonieuses, tu participes à la dysharmonie générale. Mais en ramenant la cohérence vibratoire, tu es un point de guérison de cette dysharmonie générale. Tu es un point de haute vibration, et cela aide d’autres êtres à gérer leur incohérence et les effets dysharmonieux.
Tu n’es pas responsable de la dysharmonie générale. Tu es responsable de ta part uniquement.
Essayer de changer autrui ne sert à rien. Fais ta part. Soigne chaque brin disharmonieux dans ta relation à ce qui vit.
— Mais j’ai des souris qui envahissent la cuisine en ce moment. J’ai essayé de les piéger sans succès. Elles mangent et font leurs besoins dans la cuisine, sur la nourriture dont nous avons besoin. Si je mets du poison, est-ce que je crée de la dysharmonie ?
— Demande à la cohérence. Demande en te reliant aux vibrations hautes. La trame collective n’est pas centrée sur toi. Les souris ont leur part et leur responsabilité. Elles aussi peuvent créer de la dysharmonie. Et elles peuvent aussi se caler sur des vibrations basses ou hautes. Il ne s’agit pas de penser. Il s’agit de demander et de faire ce qui t’es demandé.
— Et s’il n’y a pas de réponse ?
— Tu demandes à un autre moment. Quand tu n’as pas de réponse, c’est que ce n’est pas la bonne temporalité, la réponse met du temps à arriver, d’autres choses se passent sur la trame du temps qui sont préalables à la réponse. Et aussi cela te prépare à la réponse. Tu peux alors l’entendre. Tu peux entendre la réponse et percevoir sa cohérence ou son incohérence. Tout cela t’aide sur ton chemin de métamorphoses.
Comme je voulais profiter de cette présence pour avoir une réponse à un problème qui me touchait depuis quelques jours, j’avais zappé mon fils. J’étais revenu à la matière, à la densité, aux souris. Peut-être parce que sur l’instant, j’entendais gratter dans la cuisine et je savais que les souris étaient en train de grignoter.
L’espace visionnaire se referma et je ne perçus plus rien de particulier. Je savais pourtant intimement, et j’en pris conscience pour la première fois, que si nous quittons l’espace visionnaire, cela n’est que superficiel. Certes, il n’y a plus les visions. Ce qui est au-delà de la vue. Mais la cohérence est toujours permanente et nous relie à ces espaces autres. Nous sommes toujours reliés. Et nous avons toujours la capacité d’interroger, en nous reliant aux fréquences les plus hautes, si nous agissons en cohérence et en accord avec notre chemin de métamorphoses, notre élévation spirituelle.
J’ai donc interrompu mon chantier d’élagage, et j’ai demandé. Pour réparer ce qui avait été fait, et comment continuer (si je devais continuer). Comment le faire en cohérence et avec la permission de l’esprit du lieu et l’esprit de ses habitants. J’ai aussi demandé pour les souris, et au moment d’écrire ces lignes, la réponse n’est pas encore arrivée. Ou plus justement, elle ne me convient pas tout à fait, alors je fais mine de ne pas l’entendre, espérant sûrement qu’elle va changer… en sachant que c’est la meilleure réponse et qu’elle a peu de chances de changer.
Écouter l’invisible est un apprentissage qui va au-delà de notre volonté propre. Ou de ce que nous pensons être le pus adapté. Cela est bien au-delà, et dans l’espace vivant qui relie les êtres, une part de nous-même attend patiemment que nous apprenions à lâcher avec notre besoin de réfléchir, d’anticiper, de juger, de culpabiliser, de contrôler… et que nous revenions à l’amour. Tout simplement. L’amour qui sous-tend toute vie. L’amour qui pardonne. L’amour qui déploie de vibrations lumineuses et qui donne des fruits aux arbres et des ailes aux anges.
Comments