
(Petit texte écrit depuis ce chemin de diètes de plantes repris il y a quelques mois)
Je vous écris ces lignes depuis cet espace ouvert. Ces lignes sont, je le souhaite, une photographie.
Il y a des mots qui portent en eux toute une signification. Photographe. Oui, je fais le souhait d’être photographe, tout comme chacun. S’abandonner et devenir photographe.
Ce mot est assez simple. En grec, photographier, c’est « écrire avec la lumière ».
Une photographie, c’est un « écrit avec la lumière ».
Je vous écris ces lignes. En apparence, c’est un écrit. Comme d’autres écrits. Quelques mots posés sur un papier ou sur un écran.
Mais ce qui écrit, cet espace qui écrit, connait sa nature.
Lorsque nous faisons une diète de plante, comme je le fais actuellement, nous laissons s’ouvrir une rencontre. Nous invitons depuis un espace intérieur ouvert la rencontre avec un esprit de plante. Et cet esprit écrit en lettres de lumière sur les pages invisibles de notre être des mots emplis de force et d’énergie.
L’esprit de la plante écrit des textes, des mots, des histoires, et même des images. Tout cela est vibratoire. Cela s’écrit dans un espace où nous sommes ensemble, l’esprit de la plante et notre corps de lumière. Ensemble. Sans savoir vraiment qui écrit. Qui perçoit. Nous faisons cela dans une sorte d’union volontaire, une alliance de l’instant.
Le corps est alors mû par des forces conjointes, qui permettent un déploiement de l’instant. Une manifestation de paroles, de regards ou d’actes issus de cet espace ouvert.
Une alliance emplie de lumière entraine un déploiement de lumière.
Expérimentez cela. C’est une façon de revenir à la relation intime avec la nature. Aucun guide ne peut donner une direction. Aucune carte ne cartographie ces espaces. Car le paysage qui se dessine et s’écrit à l’intérieur de l’être est fait de présence.
Nous devenons spectateurs de ce qui se déploie. De ce qui se perçoit. Le reste est invisible, même aux yeux les plus perçants. La vue devient regard. Les yeux ne sont alors qu’un outil de perception, laissant passer la lumière et photographiant chaque instant. Des apparitions sur la pellicule de nos instruments intérieurs de perception. Cela écrit avec la lumière.
Ce qui avant était une chambre, un salon, une maison, une forêt, un ciel… devient une découverte de l’instant. Avec ses nuances. Avec sa présence. Sa vibration.
C’est une offrande. L’individu réceptacle devient un espace ouvert. Et cela se fait.
Il n’y a pas d’avant. Il n’y a pas d’après.
Il n’y a pas de pourquoi, ni de direction où aller.
Il y a juste ce qui est.
Le visible et l’invisible ont chacun leur part.
Cela est.
Cela n’est ni bien. Ni mal. Juste cela est.
Perçu. Et à la fois mouvant.
Chaque instant est une photographie vivante. Vibrante.
Je vous écris, sans savoir ce qui écrit. Est-ce l’esprit de la plante ? Est-ce « moi », ce moi qui se découvre dans cet espace ouvert, empli de nombreuses histoires qui d’un seul coup font un pas de retrait et qu’un livre ouvert vient d’apparaitre au premier plan ? Un livre ouvert. Avec ses pages blanches. Lumineuses. Elles respirent et sont emplies de ce qui ne peut être figé.
Nous sommes autre. Il y a un avant. En arrière-plan, nous sentons qu’il y a des histoires.
Mais sur l’instant, ce qui est dominant, c’est ce qui est au premier plan. Ce « moi » nouveau. À découvrir.
Ce n’est pas une ivresse. Bien que la tête puisse tourner, les vertiges arriver, les visions se déployer, ce n’est pas une ivresse. Nous ne sommes pas engloutis. Nous sommes juste dans une union de l’instant. Comme un couple magique qui se retrouve dans un espace autre. Un espace d’union. Un dépliement de l’union. Comme un autre « moi » qui n’est pas vraiment individualisé. Qui est simplement là.
Ce n’est pas un espace imaginaire.
Ni de la fumée.
C’est un espace palpable, qui est bien là.
Un intérieur qui se dévoile. Qui se perçoit.
L’espace d’un instant. D’une durée indéfinie. À la fois qui se sait éphémère, et qui pourtant semble avoir toujours été là. Et que l’on sent qui peut être là pour tous les temps. Tout le temps.
Les activités du quotidien ont momentanément été mises en suspens. Ce que nous sommes habituellement s’est momentanément retiré. Tout d’abord posés, nous nous attardons le corps relâché. Et la plante peut être invitée. Puis accueillie. Et cet autre chose apparait. Cet état que nous sentons être bon. Au-delà de nos préjugés et de nos moralités. Un état qui ne pense pas. Il est. Il est bonté. Car la plante est là pour accompagner ce que nous sommes. Ce que nous avons toujours été.
Non fragmenté. Non séparé. Il n’y a nulle part qui est oubliée. Tout est invité. Intégré. L’espace est ouvert. La présence complète.
La bonté n’est qu’une façon de parler de la lumière. Elle a tant de nuances cette lumière intérieure. Mosaïque de couleurs qui l’espace d’un instant sont toutes présentes, et pourtant non mélangées.
La nature écrit en nous en déploiement de lumière. Nous devenons ce livre. Cet espace où s’écrit, l’espace d’un instant, ce que seule peut écrire la lumière.
Et les plantes savent. Elles connaissent la façon d’écrire avec la lumière. Elles nous enseignent par une union qui dépasse ce que peut projeter l’esprit. Elles nous permettent de constater. Intérieurement.
L’espace d’un instant, il n’y a plus d’actualités. Il n’y a pas d’urgences, de dossiers à traiter. Seul ce qui est. Comme un rappel : « rappelle-toi qui tu es. »
Nous avons choisi de venir sur cette Terre. Sur ce lieu si merveilleux, où des enseignements cachés, et pourtant si montrés, sont là et n’attendent qu’à être accueillis pour être déchiffrés.
« Ce que j’écris sur mes feuilles, dans les rivières ou dans les nuages, je te le partage aujourd’hui. Tu es aussi un espace où j’écris » semble dire la Terre. Et le Ciel aussi écrit. Il n’y a pas vraiment de séparation. On ne sait pas vraiment qui écrit, alors nous pouvons appeler cela simplement « lumière ».
Les écrits intérieurs du Ciel et de la Terre, les écrits les plus intimes, s’écrivent avec la lumière.
Comme une mère qui dessine par ses caresses des mots d’amour sur son petit enfant, la Terre écrit en nous des mots, des phrases que ni l’âge, ni le temps, ne peuvent affecter. Dans cet espace intérieur. Et ensuite, nous pouvons extérioriser. Déployer en lettres de matière ce qui a été offert. Ce qui est offert. Le temps que cela dure. Un court instant, ou des moments répétés. Comme autant de photographies qui émanent.
La Terre, la plante, ce corps, ces pensées… tout cela se réunit et se dépose sur le grand livre blanc et ensuite absorbé par la lumière. Illuminé.
Ce n’est ni beau, ni laid.
Cela est. Simplement, cela est.
Respirer l’air frais. Sortir de la prison de nos pensées et de nos préjugés. Juste un instant s’aérer. Emplir d’air et de ciel cet espace encombré. Lui offrir des bouffées d’immensité.
Oui, nous sommes tous, plantes, animaux, pierres, rivières et forêts, ces espaces possibles où tout peut se rencontrer. Où tout émane et tout disparait.
L’espace d’un instant, d’un présent illuminé, nous devenons photographes et photographiés. Éclairants et éclairés. Et cela s’écrit en lettres de lumière.
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