Pizza
- Stéphane Boistard

- 26 sept.
- 6 min de lecture

Bonjour
J’espère que vous allez bien. Notre voyage se poursuit au Pérou, et je souhaitais vous partager un nouvel extrait de ce voyage, en espérant que cela puisse vous inspirer comme cela m’a inspiré.
Nous rencontrons ici des lieux magiques et leurs gardiens. Souvent, depuis la France, nous avons une certaine idée du chamanisme péruvien. Il s’agit souvent de « prendre » une « médecine », souvent celle qui est connue est « l’ayahuasca » et de vivre une cérémonie.
En fait, il y a une multitude de plantes qui sont utilisées à des fins curatives, à des fins visionnaires ou autres connexions spirituelles, que ce soit sous forme de tisanes, de décoctions, de diètes, de cérémonies…
Mais dans les Andes, en parallèle des cérémonies avec les plantes, il y a les rencontres avec les esprits des lieux sacrés. Ces lieux sacrés ont leurs portiers et leurs messagers. Nous sommes allés voir Franklin, altomisayoq.
On ne devient pas altomisayoq par hasard. En gros, il y a deux voies principales. La première est par la transmission directe de maître à disciple, avec un altomisayoq. La seconde est en passant par la magie de la foudre.
À l’âge de 12 ans, Franklin garde dans la journée le troupeau de brebis familial. Il part le matin dans la montagne et revient en milieu d’après-midi rejoindre son grand-père avec qui il vit. Il est assez courant que les enfants grandissent avec leurs grands-parents. C’est le cas de cet enfant qui n’est pas allé à l’école. Il connaît la montagne et les brebis. Son grand-père lui a appris à être berger. Le jour il garde les brebis dans la montagne, le soir il apprend auprès de ses grands-parents. Par mimétisme. Par imprégnation. Auprès de ces anciens paisibles.
Ce jour-là, les montagnes ont aussi choisi d’éduquer Franklin. Le ciel se couvrait lentement, et en début d’après-midi, les nuages ont grossi. Un orage s’est déclenché. La foudre a commencé à tomber. Elle a peut-être continué un moment, ou pas, il ne saurait le dire. Car l’enfant berger est frappé par la foudre, et il s’écroule au sol.
Son grand-père attendait son retour. L’enfant devait rentrer pour 16h. À 17h, pas de nouvelles, ni du troupeau, ni de l’enfant. À 18h, toujours rien. Alors il met ses vêtements pour aller dans la montagne et il part à la rencontre de son petit-fils.
Arrivé sur la zone de pacage, il voit les brebis rassemblées en cercle. Pas de trace de l’enfant. Il s’approche. Arrivé au niveau des brebis, elles s’écartent pour le laisser aller au centre du cercle où git Franklin inanimé, ensanglanté. Il ramène l’enfant chez lui. Dans les populations pauvres des montagnes, il n’y a pas d’accès à l’hôpital, ni aux médecins. Il allonge son petit-fils et en prend soin, lui qui connait les plantes et les prières des Anciens.
Car après la foudre, grâce au soin protecteur des brebis, Franklin vit encore. Il est comme inaccessible, retiré dans un autre espace. L’enfant est en fait devenu aveugle et sourd, et a perdu toutes ses dents. Ses lèvres sont fendues en deux.
Grâce à sa foi et ses connaissances magiques, le grand-père va soigner son petit-fils pendant deux ans.
Franklin retrouvera d’abord l’ouïe, puis la vue, puis une à une toutes ses dents ont repoussé. Il ne reste de cette rencontre foudroyante que la cicatrice sur ses lèvres.
Sur un autre plan, l’enfant est différent. Transformé.
Durant ses phases d’inconscience, il reçoit la visite dans son espace intérieur des esprits des montagnes. Les Apus. Et ces esprits le soignent, l’enseignent, et parfois l’amènent dans d’autres dimensions de la Terre, du Ciel, ou même sur d’autres planètes et galaxies.
Pendant les deux années de soins, il apprend aussi comment soigner avec les plantes, les esprits des cascades, de l’eau, à lire dans le ciel et les nuages… son grand père lui livre tout ce qu’il peut. Soins, offrandes, prières… sont le quotidien de « Fran » durant deux ans. Car ses premiers vrais soins, il les réalise vers 14-15 ans. Avec la magie des Apus, ses guides.
Il sait qui il est. Il sait ce qu’est chaque être derrière les carapaces et conditionnements. Il sait que nous sommes une âme. Un être d’éternité. Chacun avec une capacité à connecter à cette réalité et à vivre ainsi diverses qualités. Car plus notre âme est connectée, plus ce qui attaché au « corps qui pense », plus nous revenons à la conscience de ce que nous sommes, plus les connexions avec le divin et les différents niveaux de réalité se manifestent.
Un altomisayoq dédie sa vie aux êtres dont il est l’intercesseur. D’un côté les humains avec divers niveaux de conscience qui viennent pour nettoyer les vies passées, le corps physique, pour guérir d’une maladie, pour soigner un animal…De l’autre côté les esprits des montagnes et des lacs d’altitude, les esprits des animaux tutélaires… Jeûnes, méditations, prières, offrandes... C’est un chemin de don de soi.
S’il « dévie », attiré par le gain, ou par le pouvoir, il est quitté par les esprits qui le soutiennent. Il perd de son « pouvoir », voire il ne peut plus canaliser ni soigner. Il n’a pas d’autre choix que de s’offrir ou d’arrêter.
Concrètement, lors des soins, il se passe des choses. Je ne peux pas décrire ici les miracles et la magie que j’ai rencontrés avec lui. Je ne connais pas d’équivalent en France. C’est de la magie comme chez les guérisseurs philippins. Sans équivalent.
Avec lui, j’ai rencontré des anges, des montagnes qui parlent, l’esprit d’un condor qui vient le toucher et me parler…difficile à décrire ce qui dépasse le monde habituel.
Parfois il évoque la foi. Un jour il disait :
« Souvent on dit que les personnes qui viennent voir un guérisseur doivent avoir la foi pour soigner. Je ne suis pas sûr de cela. Celui qui doit avoir la foi, c’est le guérisseur. Quand Jésus a ressuscité Lazare, était-ce Jésus ou Lazare qui avait la foi ? Oui, c’est bien Jésus qui avait cette foi. Que les personnes aient foi ou pas n’est pas un obstacle. »
Les discussions avec les guérisseurs qui travaillent avec les esprits des montagnes et les esprits des plantes ou animaux ne s’arrêtent pas aux limites physiques de la Terre. Il y a des mondes qui vivent en parallèle de la Terre, il y a des êtres, voire des civilisations, avec lesquelles nous pouvons avoir des contacts, qui vivent dans d’autres niveaux de réalité. Et dans le Ciel, au-delà des ciels proches de la Terre, il est fréquent d’évoquer les « extra-terrestres » avec lesquels les contacts sont établis depuis des temps très anciens.
« Fran » est un des derniers altomisayoq de sa communauté. De son territoire.
Pour le trouver, ni carte de visite, ni site internet. Depuis ses 15 ans, il est au service. Ses miracles sont sa carte de visite. Les personnes viennent de loin pour se faire soigner, depuis plus de 25 ans maintenant.
Je l’ai rencontré suite à un ensemble de miracles et de guidances des esprits de la nature. Au-delà de soigner, il aime partager avec les pèlerins de la vie. Avec les âmes qui font un chemin de découverte de ce qu’elles sont vraiment. Car les temps sont là pour se réveiller.
J’ai été hypnotisé comme beaucoup par ces programmes qui nous font croire en une vie principale dans la matière, avec possiblement quelques connexions avec les mondes énergétiques. Je me suis laissé hypnotiser. Convaincre. Puis j’ai fait volte-face. Je suis revenu à mes perceptions et connexions de la petite enfance. Quand mon âme savait. Et tous autant que nous sommes, nous savons. Et nous avons le choix de déchirer ce voile hypnotique, de rompre ce charme entretenu autour de nous. Nous avons la capacité de revenir à la qualité divine que nous sommes. Pas à pas. C’est un chemin de persévérance. De constance. Un pèlerinage aux Sources…
Ce qui est intéressant avec ces êtres, c’est de sentir leur énergie. Si vous avez une certaine ouverture du cœur, vous pouvez sentir ces êtres. Vous pouvez voir que ces êtres canalisent des énergies et esprits particuliers. Cela vibre d’une façon singulière et puissante. Et en fait, Fran nous rappelle aussi que nous sommes tous, à chaque instant, traversés par des entités ou énergies. Et nous sommes l’expression de cela. Si nous n’y prêtons pas attention, nous sommes canal d’un peu tout ce qui passe. Dans les sociétés spirituelles des montagnes, il y a une attention particulière à cela. Nous sommes tous des spirites. Des canaux traversés par une énergie. À nous de choisir la qualité de ces énergies. De les rendre vivante. Et plus nous sommes conscients de ce qui nous travers et ce qui nous habite, plus cela a une qualité vibrante et vivante.
Chaque instant est unique et magique.
Un jour « Fran » me disait : « J’ai voyagé dans différents mondes. Sur différentes planètes. Et bien avec tout ce qui m’a été montré, j’ai bien compris que la Terre est unique. Alors il s’agit de savourer. Sur le chemin d’éveil, tu apprends aussi à savourer ce que la Vie te donne. Et tu sais, sur les autres planètes, dans les autres plans, tu ne peux pas forcément toucher. Ou gouter. Alors chaque plat, savoure-le. Si tu aimes les pizzas, par exemple, savoure… car dans ta prochaine incarnation, tu auras peut-être un corps de lumière sur une planète où il n’y a pas besoin de manger. Où il n’y a pas de pizza… » et nous avons rit ensemble.
Puis le soir, je suis allé manger une pizza….

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