Renforcement
- Stéphane Boistard

- 14 sept.
- 5 min de lecture

« Renforce ton corps » me répète mon amie guérisseuse. C’est ce qu’elle me dit souvent, ainsi que la phrase « Ouvre ton cœur ». Elle le répète à chaque membre du groupe qui m’accompagne.
Il est intéressant de voir à quel point les guérisseurs des Andes sont peu connus en occident. Si de nombreuses personnes ont entendu parlé (ou expérimenté) les « médecines » de la jungle amazonienne, comme l’Ayahuasca, il reste assez rare de connaître les « médecines » des Andes. Des montagnes. Comme cela perdure au Pérou ou en Bolivie.
Lors d’un voyage précédent, j’avais pris cette invitation de « renforcer mon corps » dans le fait de le rendre plus fort. Physiquement. Que ce soit à travers mon alimentation, les exercices physiques, la respiration… j’ai fait de mon mieux pour prendre soin de ce corps. Et effectivement, l’invitation à « renforcer le corps » va dans ce sens. Mais lors de ce second voyage auprès de mon amie guérisseuse Sara, elle me donne d’autres indications.
- Renforce ton corps signifie aussi que tu prépares chaque jour ton corps à accueillir ton essence divine. Ton corps peu vibrer à différents niveaux. Il peut recevoir différents messages qui viennent de l’intérieur, de ton essence spirituelle, ou de l’extérieur, des esprits et vibrations qui vivent autour de toi, plus ou moins proches. Renforcer ton corps te permet d’ouvrir ton cœur.
- De quel cœur parles-tu ?
- De ton cœur en tant que porte. En tant que portail.
- Tu peux m’en dire plus ? Portail de quoi ?
- Tu es constitué principalement de trois parties : le corps, l’esprit et l’âme…
- Attends Sara, juste pour bien comprendre, car les mots chez toi ont peut être une autre signification. C’est quoi pour toi l’esprit. Est-ce que c’est mon mental ? Mon espace de pensée ?
Elle était peu bavarde en général, mais à certains moments elle prenait le temps de m’expliquer dans cet espagnol qui n’est ni ma langue maternelle, ni la sienne. Dans le « quechua », la langue principale des montagnes andines, les mots ont un sens lié au territoire. Car chaque territoire a sa langue qui est plus ou moins imagée, riche, évocatrice de plusieurs notions en même temps. Alors avec Sara nous essayons de trouver une façon de communiquer. Je pratique donc un espagnol télépathique. J’écoute les mots en quechua. Je les ressens. Et l’espagnol m’aide à affiner ces ressentis.
- L’esprit n’est pas ce que tu pourrais appeler le « mental ». Le mental reste au niveau du corps. Il est éphémère. Si tu t’attaches à lui, tu restes sur le plan de ce que vous appelez « ego ». Une identité liée au corps physique. Tu comprends ?
- Oui, je crois.
- Tu as deux corps. Un corps éphémère, le corps physique, et un corps d’éternité, l’âme. Ce que tu es vraiment est cette âme, que tu ne peux pas voir. L’esprit, c’est la façon dont l’âme se relie à ce qui est. Que ce soit visible ou invisible. Ce serait un peu comme le « cerveau de l’âme ».
- Tu veux dire comme un deuxième cerveau qui fonctionne en parallèle avec le cerveau du corps.
- Pas vraiment. Car le cerveau du corps fonctionne en lien avec tes mémoires, tes ressentis, les émotions que tu perçois. Il est très réactif et très lié au monde de la matière. L’esprit est à la fois relié au monde de la matière, à la fois relié au monde invisible, comme les esprits des plantes ou des lieux, et à la fois relié à un plan divin d’où il reçoit des vibrations et informations. Il n’est pas séparé. Tu comprends ?
- Je crois.
- Nous jouons avec ces deux cerveaux pour que je t’explique ces choses. Mais si tu les vis une fois, si tu te mets à ce niveau vibratoire, tu comprends de suite.
- Et comment fait-on pour se mettre à ce niveau vibratoire ?
- Tu renforces ton corps, tu vas humblement demander de l’aide aux apus, aux esprits du territoire, tu vas nettoyer tes différents corps, tu intègres ou tu nettoies différentes informations de tes vies passées… tu ouvres ton cœur. En ouvrant ton cœur, tu ouvres un espace visionnaire. Cet espace est plus relié que ce que tes yeux te permettent de voir.
- Ouvrir son cœur est un peu comme ce que certaines traditions indiquent comme ouvrir son troisième œil ?
- Pas exactement. Lorsque tu évoques cela, est-ce que tu te situes dans le fait d’être une personne liée à ce corps, ou est-ce que tu es un être d’éternité ? Chercher à ouvrir le troisième œil, l’espace visionnaire, sans savoir que tu es d’essence divine, que c’est ta nature profonde, cela renforce l’ego. C’est ce que nous voyons avec toutes ces personnes venant consommer les « médecines » de nos territoires, comme le San Pedro (un cactus des Andes), l’Ayahuasca (une « medecine » végétale de la jungle) et d’autres « plantes sacrées ». C’est souvent fait de façon inadaptée selon nos traditions. Car souvent ces personnes cherchent des sensations, des messages ou des visions, depuis leur corps physique. Un peu comme on utilise une drogue. Sans renforcer le corps ni ouvrir leur cœur. Alors il y a parfois des visions. Mais ce n’est pas le travail que nous faisons. Nous ne cherchons pas à avoir des visions. Nous ne faisons que revenir à notre essence profonde, et à accueillir ce qui se manifeste, visions et sensations, depuis un cœur ouvert. Nous ne cherchons pas les visions, nous accueillons la vie. Et faisant cela, nous sentons ce que tu pourrais appeler l’amour, la joie, la paix… nous visons cela profondément, à différents niveaux, et en étant profondément reliés aux montagnes, aux étoiles, aux lacs et rivières, aux animaux…
- Et ouvrir son cœur permet cela ?
- Oui. Ouvre ton cœur. Pas ton cœur physique. Ton cœur en tant que portail vibratoire qui donne une autre vibration à tout ton être. Cela ouvre tes corps, tes sens… cela t’ouvre. Je n’ai pas de mots pour te décrire cela.
- Alors comment faire ?
- Il ne s’agit pas d’un savoir, ou d’une connaissance. Il s’agit d’un état. Alors plutôt que de te l’expliquer, je t’amène avec moi dans des lieux spécifiques, porteurs de vibrations particulières. Des portails. Tu peux méditer, prier en ces lieux. Tu peux aussi y recevoir des soins ou des connexions particulières. Dans ces lieux, tu reçois des enseignements, des nettoyages, des guérisons à la hauteur de ce que tu peux recevoir. Et aussi, que ce soit avec moi ou avec amis « guérisseurs », avec les cérémonies et nettoyages, tu vis aussi des transformations… dans ton rythme propre. Patiemment. À différents niveaux.
Nous avons parfois des conversations avec mon amie Sara Luz. Et notre petit groupe, entre phases actives et moments d’intégration, vit ses transformations à son rythme propre. Chacun renforce son corps et ouvre son cœur à sa rythmique propre. Patiemment (ou pas).
Je voulais juste vous partager un fragment de ce que nous vivons dans ce voyage à caractère spirituel dans la Vallée Sacrée du Pérou.
Nos amis guérisseurs n’ont pas de site internet et ne font pas de publicité. Ils ne sont pas connus. Mais vous pouvez les reconnaître. Ils ont une vibration particulière. Et il y a ainsi dans les Andes des êtres qui œuvrent et accompagnent des guérisons. Et au plus profond de nous-même émerge une joie particulière. Une lumière qui nous rappelle à ce que nous sommes vraiment. Et à ce grand cadeau de cette existence. Car notre cœur s’ouvre. Si nous prenons le temps de nourrir et connecter cet espace, notre cœur s’ouvre. Et la vibration qui émerge de cela fait briller les étoiles et chanter l’eau des rivières.

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