Petit Prince
- Stéphane Boistard
- 19 avr.
- 4 min de lecture

Nous ne pouvons tous réellement changer que devant les yeux ronds et innocents d’un enfant qui nous regarde avec innocence. Une innocence qui ne comprend pas notre comportement. Qui ne comprend pas nos priorités. Qui ne comprend pas notre façon de penser ou de réagir.
Et cet enfant existe pour chacun d’entre nous.
Ce n’est pas cet enfant intérieur qui serait un concept venu d’une pensée humaine.
Il s’agit plutôt de ce petit prince. Cet enfant venu des étoiles. Venu de l’Amour. Pour l’Amour.
Cet enfant existe pour chacun d’entre nous. Il est là, dans une autre dimension. Nous indiquant à chaque fois que cela est nécessaire : « tu es la plus merveilleuse manifestation de l’Amour que tu puisses être. À chaque instant. »
Et pour cet enfant, nous cherchons à être différent. Différent de ce que nous connaissons. Différent de cette version de nous-même que nous savons obsolète pour un petit prince venu des étoiles. Une version héritée de ces vies passées, de ces relations sans grande joie.
« C’est le temps de la douceur » dit le petit prince.
Comment être doux avec soi-même ? Doux avec ce corps, avec ces pensées, avec ces émotions… doux avec tout cela et plus encore…
Cet enfant existe. Il n’est ni masculin, ni féminin. L’enfant restera un prince et ne deviendra pas roi. Il ne règnera ni sur nous, ni sur le royaume. Car il nous laisse le choix. Il nous laisse nous transformer. Sur un royaume, on ne règne pas, on rayonne.
Oui, cet enfant existe bien, et nous le rencontrons dans ce monde, pour le faire sortir du rêve. D’un espace que l’on pourrait facilement cataloguer comme rêve et reléguer dans les oubliettes. Alors il se présente. Dans chaque enfant dont le regard nous rappelle ces étoiles lointaines. Il se présente tout autant dans le petit chaton et dans le jeune poulain qui vient de naître.
Et nous, touchés par ce regard qui nous demande « et toi, qu’est-ce que tu fais pour mon monde ? Pour mon monde d’Amour ? ».
Et nous regardons.
- Je fais si peu pour toi… tu comprends, je n’ai pas le temps.
- Non, je ne comprends pas. Qu’est-ce qui peut être si important que tu mettes de côté la plus belle version de l’Amour ici et maintenant ?
- Ce qui est important, c’est mon rêve. Le rêve que je dois faire certaines tâches de façon urgente. Et ça m’occupe.
- Mais ne vois-tu pas que nous avons un autre rêve à créer ? Un rêve qui porte l’Amour de la rose et du renard ? Un rêve qui porte l’Amour de toute vie ?
- Non, je n’y avais pas pensé.
- Alors penses-y, me dit le petit prince dans un élan d’Amour de petit prince.
Et j’y pensais. Mais en y pensant, j’observais surtout que ce que je pensais allait à l’encontre de ce que le Petit Prince semblait demander. J’étais loin de sa demande. De l’Amour. Une parfaite expression de l’Amour. Je n’avais pas le temps pour cela.
Alors j’ai attrapé ma pipe de connexion. J’ai bourré le foyer avec quelques plantes sèches, des feuilles d’armoise et de sauge principalement.
J’ai senti que je me connectais ainsi aux étoiles et aux demandes sensibles de ce Petit Prince.
Si je suis la meilleure version de ce que je peux être, ici et maintenant, qu’est-ce que je pourrais être dans le futur ? Une version moindre ? Une version améliorée ?
Je n’eus pas loisir d’y penser plus longtemps. Le Petit prince me sollicita :
- La prochaine fois, amène des fleurs.
- Oui petit. Je ferais cela.
- Merveilleux, j’adore les fleurs…
Le Petit Prince est là, avec ses fleurs. Il est quelque part, attendant notre retour. Notre retournement. Vers cet espace où il est simplement là. Un espace où il ne nous demande qu’à transformer. Pour pouvoir sentir le parfum de ses fleurs. Et à chaque visite, nous lui amenons de nouvelles fleurs. Chaque fleur est une de nos qualités que nous laissons s’ouvrir et s’épanouir. Chaque fleur pousse dans le terreau de nos vieilles habitudes, de nos croyances et insistances, de nos besoins de comprendre. De toutes façons, comprendre est inutile là où vit le Petit Prince. Dans le royaume du cœur, l’esprit fleurit. Il s’abandonne. Il s’offre aux fleurs. Comme un paillage rempli de pensées.
Et ensemble, nous offrons à ce Petit prince et à tous les esprits enfantins des étoiles une nouvelle Terre. Une Terre avec des fleurs de paix et de bonté.
Et ensemble, nous apprenons à nous transformer. À faire ces retournements intérieurs.
Nous apprenons à vivre sur une autre planète.
- Dis, tu reviendras me voir ? demanda-t-il avec cette innocence dans la voix et ses yeux emplis d’interrogations.
- Oui, je viendrai. Dis-je d’une voix rassurante. Je viendrai avec d’autres. Et nous sentirons ensemble les fleurs, et nous parlerons aux étoiles.
La libellule se transforme de larve aquatique à animal gracieux grâce à l’esprit enfantin et innocent de l’eau.
« Ce que la chenille appelle la fin du monde,
Le Maître l’appelle un papillon »
Richard Bach
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