
Il m’a été demandé, suite à mon texte sur les naissances et sur la forêt de placenta, qu’est-ce qu’il en était de la mort (enfants ou adultes). J’ai demandé à la communauté voisine, dans ce vallon de jungle en Colombie, comment cela se passait.
La communauté à laquelle je me suis adressé est une communauté qui vit sur un lieu en reconstruction. Dans ce vallon, il y avait à l’origine une population indigène. Puis une série de conflits plus ou moins récents ont vidé ce territoire de cette population indigène. La population qui a suivi fut marquée elle aussi par une série de vagues de violences, de départs, ce qui fait qu’aujourd’hui, ce vallon est en train de se repeupler par des personnes inspirées par les traditions du monde nouveau. Notamment par les sagesses indigènes qui reviennent dans le vallon.
La communauté voisine est une communauté disséminée dans la forêt, composée de 12 familles. Régulièrement elle reçoit la visite de l’un ou l’autre des deux « anciens » qui accompagnent le chemin spirituel de cette communauté.
Concernant la mort, la communauté a été confrontée à un décès il y a quelques temps. Ils ont fait appel à l’Abuela (« ancienne ») qui les accompagne. C’est une Ancienne d’une tribu Maya, indigène du Mexique. J’aime écouter et partager ces savoirs venus d’un autre temps. Cela me connecte aux sagesses des druides et il se peut que cela vous fasse le même effet.
Car dans les annales du temps, il y a cette histoire d’un ancien peuple que l’on nommait les Atlantes, dont les sages, devins et magiciens avaient senti qu’un profond bouleversement dans les traditions allait entrainer une forme de destruction. Cette destruction arriva sous forme de cataclysme. Mais avant ce cataclysme, certains sages ont migré dans d’autres dimensions de la Terre, et certains sont restés sur la dimension de la matière, mais ont migré vers l’Est et vers l’Ouest. Ils ont rencontré et nourrit les pratiques spirituelles des peuples autochtones. À l’Est, ce furent les fondations des traditions spirituelles Orientales (Egyptiens, Sumériens, etc) et de la Celtie, et vers l’Est-ce furent les fondateurs des traditions spirituelles des Amériques.
Connecter avec des sagesses et pratiques d’autres peuples facilite nos connexions avec nos propres racines européennes (la fameuse Celtie).
Chez les Maya, dans la lignée de cette Ancienne, un être humain vit plusieurs vies. Ou du moins son âme vit plusieurs existences. Si j’ai bien compris, entre deux existences, l’âme retourne à la Terre puis va dans le Ciel et s’incarne à nouveau.
Quand un être meurt, il ne meurt pas isolé. Cela impacte sa communauté. Il est donc important que la communauté se rassemble et gère cet impact.
Le corps est tout d’abord brulé (sous forme de cérémonie si possible) et les cendres sont récupérées dans un pot en argile fabriqué par les membres de la famille ou les membres de la communauté, en faisant des prières pour le défunt. Pour son passage.
Comme le feu a participé à la séparation du corps et de l’âme ( ou corps de lumière immortel), le feu est nourri pendant 9 jours suite à la crémation. C’est-à-dire que durant 9 jours, dans tous les foyers de la communauté, une flamme brûle (en continu ou par intermittence, feu ou bougie). Et si c’est un feu, il est nourri. L’esprit du feu est nourri et remercié pour son aide et son accompagnement. L’Ancienne fait le tour des foyers, et il est évoqué l’existence de cette personne qui vient de « passer » (qui est dans le passage, mais a quitté le plan physique). C’est le moment des larmes, des souvenirs, du manque, des colères, des pardons, des silences, de l’empathie, de la compassion…Les émotions sont intenses et partagées au sein de la communauté. Si possible, il y a des temps collectifs de partage autour du feu.
Après ces 9 jours, où l’âme est aidée par les prières pour son voyage dans la Terre, dans des espaces peu familiers, l’âme se dirige vers le Ciel pour préparer sa prochaine incarnation. Ce cycle du Ciel dure 260 jours.
Donc le neuvième jour, le pot avec les cendres du défunt est enterré lors d’une cérémonie collective. L’Ancienne reste ensuite quelques jours sur place, aidant à travers paroles et cérémonies à ce nouveau passage Terre-Ciel et aidant celles et ceux qui en ont besoin à la communauté. La communauté elle-même est à l’écoute et en aide des proches du défunt. Cette aide va durer des mois.
Puis 260 jours après, l’Ancienne revient pour une cérémonie d’aide pour que le corps de lumière puisse s’incarner à nouveau.
La naissance et la mort sont donc des moments clés et vécus au sein de la communauté comme autant de moments d’entraide et de compassion.
Et l’année est aussi vécue dans la communauté avec ses fêtes, ses rythmes. Les rythmes marquent les cycles, les cercles, car dans de nombreuses traditions, le temps est cyclique (une sorte de spirale) et non linéaire.
Les cycles, tout comme les différents cycles de la nature, sont vécus avec attention et délicatesse.
Au-delà de fêter des cycles, il s’agit de voir avec qui nous partageons nos croyances et nos cérémonies. Quelle est notre tribu ? Quelle est notre relation à la mort, à la naissance, aux rythmes de la Terre… Je suis parfois invité à des fêtes celtiques, mais je me rends souvent compte que nous ne partageons pas forcément une vision « celtique » de la vie et de la tribu avec les personnes que je rejoins lors de ces fêtes. Je sens que c’est le temps de revenir aux tribus. Aux reliances. À ce qui nous relie, les uns, les autres, et surtout ce qui nous relie dans nos croyances, dans notre foi, dans nos prières, dans nos relations à l’invisible, dans nos perceptions de ce qu’est un être humain…
Parfois, on me dit « dans la société actuelle… ». Une « société », c’est un groupe auquel nous adhérons. Avec lequel nous nous sentons vibrer et avec lequel nous nous sentons heureux de partager quand nous sommes fragiles, vulnérables, malades… C’est le temps de levée des graines, des semences de cette nouvelle humanité, constituée de plusieurs tribus, plusieurs façons spirituelles d’aborder la vie et le vivant.
C’est le temps de créer ces tribus qui permettent de changer de monde, de changer d’ère. Patiemment.
Vibrer ensemble, c’est un peu comme s’assoir au coin d’un feu, chanter ensemble, regarder les enfants s’endormir sur les genoux de leurs parents, partager le regard d’un ancien et son sourire empli de sagesse, c’est entendre les histoires de sagesse qui émanent, et se réjouir de ces moments-là. De savoir que la tribu est présente, les jours au coin du feu, les jours de joie, les jours de fête, et les jours difficiles. Il se peut fortement que cette nouvelle ère soit l’ère du retour des tribus.
Pas les tribus virtuelles. Car le virtuel ne durera pas. Mais le retour aux tribus disséminées dans les campagnes, et se visitant occasionnellement.
Le temps de l’isolement touche à sa fin. C’est le temps des assemblées et des rassemblements autour du feu, le temps des sagesses qui ressurgissent, comme des sources vivifiantes, dans nos cœurs ouverts et heureux de cela.
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